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Trop tard, Monsieur le Président

Non Monsieur le Président, vous n’êtes plus en mesure de proposer quoique ce soit aux Algériens. Vous aviez eu tous les temps (20 ans) pour faire bouger dans le bon sens les choses. Vous aviez jusque-là fait exactement le chemin inverse. Vous aviez été intronisé et non élu en 1999 au moment où les cours du Brent montaient en flèche. De 9.00 dollars en 1997, ils passèrent à 21, puis à plus de 143 dollars pour faire engranger des centaines de milliards de dollars. Qu’aviez-vous fait avec ? Beaucoup de promesses, de discours emmiellé, de création de faux managers, de dilapidations…

En 1999, nous dépendions à 97% des recettes pétrolières. Vingt ans après, nous sommes dépendants à 97% des recettes pétrolières.

Aujourd’hui que la jeunesse dont vous aviez tant loué les prouesses pour en faire juste de la chair à baleines, des corps calcinés par le suicide et l’exil de toute la matière grise, alors que vous vous atteliez à nommer aux grands postes vos amis grabataires; les Ould Abbes, Bensalah, Ziari, Bessaieh, Rahal, Nouiouet, Messaadia, Bouhadja et que sais-je, cette jeunesse est sortie de son long silence pour vous dire en face, à vous et à tous ces apprentis djouhala, adorateurs des cadres, des photos et des louanges, basta, khlass, baraquett, y en a marre…

C’est trop tard, le train de l’histoire a bien démarré et il ne s’arrêtera en gare que le jour où elle aurait réglé les comptes de tous ceux qui ont ruiné le pays. On ne vient pas à la 25e heure supplier ni solliciter sa compassion pour vous accorder une rallonge, une toute petite rallonge pour vous permettre de corriger toutes vos erreurs de gestion et partir avec l’idée du devoir bien accompli.

À lire votre lettre, on est sidéré d’apprendre que celui qui a pris un pays de 43 millions d’habitants en otage est incapable de réfléchir comme tout le monde. Vous êtes vraiment en retard d’une révolution lunaire hélas. C’est que, ce que vous proposez est juste un plagiat de ce que l’opposition, dans toutes ses diversités politique, idéologique, sociale et scientifique, avait constaté, il y a de cela cinq longues années (juin 2014). Il y a cinq longues années que la feuille de route de Mazafran, transmise à vous et vos services, mentionnait clairement ce que vous venez proposer en 2019 avant de rentrer chez vous.

Non Monsieur le Président. Vous aviez failli plus d’une fois. Et un failli est frappé du sceau de l’interdiction de gestion. En vingt longues années, vous aviez eu toutes les chances. Vous aviez alors tout essayé, comme dans un laboratoire à souris.  Hélas, l’échec est là, consacré par votre feuille de route (trois révisions de la Constitution, deux lois sur les hydrocarbures, des lois de finances tous les six mois, un programme invisible, des dépenses sans limites…). L’échec est là. Il est total et c’est vous qui le dites dans votre feuille de route. C’est une reconnaissance tacite de vos échecs. La deuxième république ne peut venir d’un homme qui a comploté contre la 1re république pour en faire une immondice de ferraille à la Sidi Saïd et Haddad.

  • Vous nous proposez une nouvelle Constitution pour l’Algérie et non pour un homme. C’est ce que proposait Mazafran, il y a de cela cinq longues années.
  • Vous voulez une conférence de consensus, nous vous avions fait cette proposition, il y a de cela cinq longues années.
  • Vous voulez une commission indépendante pour gérer les élections. C’est ce que proposait avec insistance Mazafran, il y a de cela cinq longues années, hélas.
  • Vous avez oublié une chose importante. Nous vous la rappelons. Nous avions proposé une Cour Constitutionnelle à la place du budgétivore Conseil Inconstitutionnel composé de clients (pouvoir + FLN + RND).

 

Aujourd’hui, le temps n’est plus aux lamentations, ni à la compassion, ni aux arrangements. L’heure du départ de votre système politique est là. C’est le peuple souverain qui le clame haut et fort, sans sandwich ni cachir. Il vous le dit à vous, à votre parti (FLN) et son alter ego (RND) de partir.

En vingt longues années, vous aviez eu toutes les chances de rentrer dans la Cour des grands. Vous avez choisi le chemin inverse. Tant pis pour vous et pour tous ceux qui vous ont soutenu. L’histoire est ainsi faite. Impitoyable envers ceux qui la travestissent, hélas.

En 2009 vous auriez pu quitter le pouvoir la tête haute, comme l’avait fait votre prédécesseur. Vous aviez alors choisi le viol de la Constitution, la continuité et enfin solliciter la compassion du peuple pour vous permettre de sortir par la grande porte. Vous aviez déclaré à Setif ‘3ach Man 3araf qadrou. Il fallait aller jusqu’au bout. Hélas ! Aujourd’hui, c’est le citoyen méprisé, écrasé, envieilli, qui vous le dit sans protocole, « partez ».

En 2008, vous aviez décidé de modifier la Constitution pour faire passer l’Algérie du statut d’État républicain à celui d’une monarchie républicaine. Depuis, vous cumulez les avantages d’un mandat renouvelable, avec les pouvoirs du président américain, de ceux du 1er ministre britannique, du chancelier allemand et du roi du Maroc. Depuis 2009, l’Algérie vivait sans lois. D’un coup d’État à l’autre, vous prétendiez construire un État, ignorant que vous étiez en train de sacraliser l’aventure. Un dictateur dit on n’a pas de concurrent à sa taille tant que le peuple ne relève pas le défi. Et tout dictateur n’a d’appétit que pour la terreur policière qui en fait une sottise.

Depuis 2009, vous êtes dans l’infini, espérant ainsi échapper à la trappe d’Ubu. Vous aviez depuis fait usage de votre police, de votre justice, de vos officines de propagande (ENTV, ANEP, TV privées, UGTA…), armes de séduction et de répression. Hélas, le régime vieillot à qui vous aviez confié la destinée du pays et qui s’est appliqué à perpétuer les promesses non fécondes d’un monde nouveau que ni vous ni vos vieillots ne pouvaient comprendre vous a aujourd’hui dépassé. Il vous le montre à travers ses 2.384.000 km2 de son espace terrestre, de ses 1541 communes et à travers 42 millions d’habitants ; les 43 millions on vous le concède au titre de tous ces affamés du cachir et des randonnées à l’œil.

Pour cette jeunesse pleine d’énergie, de savoir et de vouloir, désormais, seule la loi, sage et hardie, fera du peuple son propre maître.

Smail Saidani,vice président JilJadid

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