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Sale temps pour les crapules, par Mohamed Benchicou

Ce fut un vendredi de l’année 2019, racontera-t-on plus tard, un vendredi de février, que les Algériens se sont adressés, à leur façon, à un président qui, lui, ne s’adressait plus à eux depuis six ans.

À leur façon : « Bouteflika, dégage ! », « Pas de 5e mandat », « Ni Bouteflika ni Saïd », « Ouyahia, dégage ! »…Jamais, depuis l’indépendance, un président n’a été interpellé directement, et encore moins avec ces termes dégradants. Le clan présidentiel qui s’amusait à duper le peuple, à l’humilier, à vouloir lui imposer un homme impotent, ressent, à son tour, les brûlures de l’humiliation.

Désormais, il apparaîtront nus devant l’histoire et devant les hommes.

Une époque du mépris vient, sans doute de se terminer, avec fracas. Ils ont tant menti, tant mutilé les dignités, tant déshonoré et rabaissé les âmes. Ecoutez-les, ministres enrichis par la rapine, politiciens engraissés par la corruption, mandarins du FLN nourris de mensonges et de passe-droits, tout ce que le marais politique algérien compte de crapules, de fripouilles et de vauriens, écoutez-les tous qui nous préparent à la grand-messe, qui nous assurent que Bouteflika a retrouvé sa bonne santé dans cette Algérie dont ils se foutent qu’elle ait complètement perdu la sienne, pays à l’agonie après vingt ans de rapines et de gestion mafieuse de la chose publique mais où, nous rappellent-ils, il restera de la place pour un cinquième mandat tant qu’il restera quelques gouttes de sang à sucer, quelques morceaux de chair à mordre et après…

Eh bien, après, que le déluge emporte ce peuple de gueux et de fornicateurs, qui passe son temps à se plaindre et à faire des enfants.

Et comme chacun le sait, la marmaille de la plèbe grandit vite, en un rien de temps, à peine le temps du biberon qu’il faut déjà lui assurer le pain, l’école, puis le logement et le travail !

Ce peuple avili vient d‘apporter une première réponse à la bande  de « chouaker ».

Vouloir reconduire pour un cinquième mandat un homme réduit à l’état végétatif et qui, de surcroît, après 20 ans de présidence, à tristement conduit le pays à la faillite financière et l’impasse sociale, relève de l’outrage à ce peuple dont on s’est toujours mépris sur les silences.

A outrage, outrage et demi.  Bouteflika, qui aspirait à être le De Gaulle du Maghreb, n’en est, au final, que le Tartarin inépuisable. Un Harpagon qui s’accroche misérablement à son fauteuil. Il n’y a rien de De Gaulle là-dedans. À quoi faut-il s’attendre maintenant ? Personne ne le sait.

Plus personne de par le monde n’ignore que Bouteflika n’est pas De Gaulle. Rien que pour cela, le pire n’est pas à écarter. Le président français avait demandé à ses compatriotes s’il voulait encore de lui. Il organise, pour cela, un référendum pour le 27 avril 1969 : «Si je suis désavoué par une majorité d’entre vous, je cesserai aussitôt mes activités».

A 52 %, les Français votent « non ». Le 28 avril, De Gaulle démissionne et se retire à Colombey-Les-Deux-Eglises Il reconnut sa défaite en ces termes : «On ne saisit pas un torrent avec ses mains. ». Ce fut tout naturellement qu’il quitta le pouvoir quand, quelques mois plus tard, cette société en colère qu’il n’avait pas su écouter, lui signifia l’heure de la séparation en disant « non » à son référendum. Il laissa à ses proches cette cinglante réplique : «Quel homme serais-je si je prétendais me maintenir dérisoirement dans mes fonctions ?»

La réponse est dans la question.

Auteur
Mohamed Benchicou

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