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Le général-candidat se met à nu !

Incroyables aveux de Ali Ghediri, général major de l’armée algérienne en retraite et accessoirement candidat à l’élection présidentielle d’avril 2019. À peine enfilé, le costume du « présidentiable », aux yeux de certains esprits plus opportunistes que nationalistes, se déchire de toutes parts. Une seule déclaration et voici que le vernis de la rupture, de la modernité et du progressisme chanté par « une famille » qui recule, contrairement à celle de Djaout, se fissure devant la rude réalité de la politique algérienne à laquelle le soldat a largement contribué.

Dans une interview à la presse algérienne, une presse à genoux en ces temps de recherche de nouveaux maîtres et de scoops, Ali Ghediri confie qu’il serait la cible de filature des services algériens, que sa campagne de récolte de signatures serait obstruée et que des proches à lui seraient intimidés. Pire encore, l’ancien officier supérieur de l’armée algérienne a été empêché manu militari d’assister à l’enterrement de son « collègue » militaire, le général Guenaizia, ancien ministre délégué de la Défense nationale algérien et également putschiste de 1991.

L’armée algérienne a toujours été une armée putschiste au service des puissants et des putschistes de l’heure mais jamais au service du peuple ou de « la nation ». L’armée algérienne n’a jamais été populaire ni nationale et Ali Ghediri, lui qui sort de ses entrailles, le sait mieux que quiconque. Et ce n’est pas d’éventuels diplômes universitaires ou une prétendue origine modeste qui va changer la donne. Ali Ghediri est avant tout un militaire algérien de haut rang, donc un membre influent, voire un décideur parmi les décideurs de l’armée algérienne. Comment peut-il être étonné, à moins qu’il soit incrédule, que les services algériens suivent ce qu’il est en train de faire, à savoir, selon ses dires, la destruction du système qu’il l’a enfanté.
On ne peut acquérir une soudaine virginité parce qu’un notable avocat kabyle l’a décrété. Quand on a servi une armée pendant 40 ans, il est tout à fait normal que cette dernière cherche à savoir ce que son enfant complote contre elle d’autant plus qu’il déclare publiquement que cette même armée est son adversaire !

L’armée algérienne a renversé le GPRA (Gouvernement provisoire de la République algérienne).
L’armée algérienne a abattu pas moins de 400 maquisards kabyles lors de l’assaut de 1963.
L’armée algérienne a soutenu et planifié la dictature de Boumediene et de Chadli.
L’armée algérienne a tiré sur des algériens le 5 octobre 1988.
L’armée algérienne a interrompu un processus électoral en 1991 et démis un président qu’elle a mis elle-même en poste pour mettre en place un bâtard HCE.
L’armée algérienne est responsable de l’assassinat d’un président algérien qu’elle a ramené elle-même de l’exil. L’armée algérienne a enclenché une guerre civile qui a coûté 200 000 morts algériens, 20 000 disparus et des centaines d’irremplaçables intellectuels.
L’armée algérienne a adossé Bouteflika, le premier putschiste algérien, poursuivi par la cour des comptes algérienne pour blanchiment d’argent public, comme président algérien, elle a fraudé toutes les élections pour sa reconduction depuis 20 ans. Elle s’est désintégrée suite à sa demande.

Aujourd’hui, Ali Ghediri « qui sort de nulle part » joue à la vierge effarouchée ! Ah, je suis harcelé, je suis suivi ! Voilà que monsieur Ghediri « découvre » les avantages d’être opposant au régime algérien, régime qu’il a servi, et avec abnégation, pendant 40 ans. Excusez du peu ! Le général-candidat était chef du personnel au sein du ministère de la défense algérien. Comment peut-il ne pas savoir que le ministère dans lequel il a servi pendant 4 décennies, et qui gouverne le pays depuis son indépendance, traque toute voix discordante ? Comment peut-il ne pas savoir que les services algériens tuent des opposants, qu’ils musellent des militants et qu’ils font disparaître des récalcitrants ? Monsieur Ghediri ignorait-il toutes les exactions commises par l’armée dans laquelle il officiait ou était-il un fervent défenseur ?

En fait, Ali Ghediri, ancien général qu’il est, croit comme d’ailleurs les anciens ministres algériens reconvertis en occasionnels opposants, qu’en quittant le régime, il pourrait faire de la politique comme un notable du même régime et avec tous les égards. Il tombe des nues quand lui le général major Ali Ghediri est suivi par des agents des services algériens qui étaient sous ses ordres, il n’y a pas si longtemps. Juste retour de manivelle ! L’affiliation au monde arabo-islamiste qu’il a réitéré n’est qu’un syndrome de l’idéologie nasseriste à laquelle le général appartient.

Ahviv Mekdam

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