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jeudi 28 mars 2024
DébatsFrance. La mobilisation de la diaspora algérienne ne faiblit pas !

France. La mobilisation de la diaspora algérienne ne faiblit pas !

Au lendemain des nouvelles arrestations annoncées visant des éléments influents du pouvoir agonisant, en l’occurrence Saïd Bouteflika et les généraux Toufik et Tartag, la mobilisation de la communauté algérienne en France ne faiblit pas. Entre 5000 et 7000 manifestants, selon les organisateurs, ont ainsi pris part à la mobilisation dominicale parisienne, place de la République, pour exiger, loin des luttes de survie à l’intérieur du système, «le départ de tout le régime».

«Si l’arrestation de ces personnes est confirmée, elle reste une affaire interne à l’institution militaire ; une affaire entre généraux ! Elle ne concerne en rien la politique, et encore moins le combat des Algériens pour une démocratie réelle à travers, notamment, leur slogan ‘‘Yetnehaw gaâ’’, qui ne concerne pas uniquement les trois personnalités citées et tous les symboles du régime Bouteflika, mais aussi Gaïd Salah lui-même», a déclaré Abdou Bendjoudi, activiste politique et membre du mouvement Action citoyenne pour l’Algérie (ACA).

Faisant allusion à l’implication directe du chef d’état-major de l’armée dans la crise politique, où il intervient en tant que partie antagoniste à part entière depuis plusieurs semaines, notre interlocuteur appelle de ses vœux à des «solutions politiques et civiles de sorte de crise». Selon lui, cela passerait surtout par la «refondation de la société civile autonome et indépendante», détruite durant l’ère Bouteflika, qui a cassé tous les corps intermédiaires (syndicats, associations, ONG, etc.).

«Il faut s’organiser dans le pays mais aussi ici, dans la diaspora, pour que nous puissions représenter les Algériens grâce à des assisses de la société civile, où seront élus des représentants légitimes du peuple, dans la perspective d’aller vers un conseil de transition, duquel devrait se dégager une chefferie d’Etat qui désignera un gouvernement de transition civil, chargé de gérer les affaires courantes de l’Etat et de préparer des élections générales ou pour élire une Assemblée constituante.

C’est durant cette période de transition que commencerait la vraie déconstruction des fondements du régime autoritaire et la consolidation des acquis démocratiques (renforcer le caractère civil de l’Etat, abrogation de toutes les lois liberticides, récupération des médias publics, dissolution du FLN, etc.)», a-t-il expliqué en marge du rassemblement d’hier.

Cette description de la forme que devrait désormais prendre la transition retrouve, en tout cas dans ses grandes lignes, celle de la plupart des acteurs du changement qui sont dans le pays et ceux établis à l’étranger, particulièrement en Hexagone. Ainsi le collectif Libérons l’Algérie – constitué par nombre d’organisations associatives et partisanes (ACDA, Alcaee, Addra, Debout l’Algérie, FFS France, Jil Jadid Europe, Les Humanistes, Amis de l’académie berbère, Les Progressistes, Ibtykar, MJC, Riposte internationale, UCP France, UEAF, etc.) – a réitéré son exigence de la «dissolution de l’APN, du Sénat et de tous les appareil du pouvoir (FLN, RND, MPA, TAJ, UGTA, etc.)» et du lancement d’«un processus constituant».

Dans ce sens, Mohammed Idir Yacoub, militant politique et membre du collectif, tient à préciser que cette structure d’auto-organisation, «engagée à accompagner la révolution du peuple algérien, est régie par une charte d’éthique et de fonctionnement mettant l’accent sur le soutien à la dissidence pacifique, citoyenne et responsable pour le changement et la démocratie en Algérie.

Nous sommes déterminés à assumer notre part de responsabilité, en tant que membres de la diaspora, à la construction d’une véritable alternative démocratique et sociale. Par des actions diverses et variées, nous soutenons la dynamique en marche dans notre pays et nous contribuons à ouvrir des pistes de réflexion pour enrichir le débat et, pourquoi pas, proposer des solutions concrètes. En effet, dans les rassemblements et les conférences-débats, nous tenons toujours à associer non seulement des personnalités engagées, mais aussi des experts dans différents domaines».

Et ce, dans l’objectif de faire de ce collectif «une force de proposition» concernant plusieurs thématiques (modèles de transition, processus constituants, libertés et droits humains, égalité homme-femme, etc.). «Nous sommes une partie intégrante du peuple algérien. Or, celui-ci a repris remarquablement espoir en sa capacité à changer réellement les choses. Pacifiquement et dans l’unité, avec beaucoup de maturité et de lucidité, il poursuit dignement sa quête pour restituer sa liberté usurpée et son droit à l’autodétermination et l’édification d’un Etat démocratique», lance-t-il.

De son côté, Ali Aït Djoudi, journaliste et président fondateur de l’ONG Riposte internationale, organisation membre de Libérons l’Algérie, fait une double lecture d’une «situation exceptionnelle sur les plans historique et politique». D’abord, il constate que «jamais une mobilisation de cette ampleur a eu lieu en faveur du départ du système et sa mise en cause de façon aussi profonde et radicale, avec un caractère si pacifique, qui a surpris à la fois le système et la classe politique embourbés chacun dans leurs contradictions. Elle ne leur laisse aucun choix à part celui de se plier aux différents mots d’ordre scandés par les citoyens chaque vendredi en Algérie et dimanche en France».

Ensuite, il se réjouit que «les stratégies mises en place par le système, en jouant la carte du temps et mêlant discours tantôt rassurants, tantôt menaçants, ne semblent plus avoir un effet d’influence sur les citoyens, si ce n’est celui de les renforcer dans leurs convictions et la légitimité de leurs revendications». Etant convaincu que cette séquence historique a permis l’émergence de nouvelles personnalités et acteurs politiques pouvant gérer la période de transition, il souhaite «le retrait immédiat de l’armée de la vie politique ; et la mise sous tutelle d’un comité de salut public les différents corps de sécurité afin d’endiguer de manière préventive tout esprit revanchard et règlements de comptes qui risqueraient de favoriser un climat d’instabilité».

A l’instar des différentes autres structures militantes, Riposte internationale organise, en plus de la participation aux rassemblements populaires, des réunions publiques d’échanges et de débats chaque mercredi, dont l’objectif est d’«analyser l’évolution de la situation dans le pays avec diverses personnalités du monde associatif, artistique et politique, à l’image du grand militant Sadek Hadjerès, qui nous a honorés de sa présence et partagé avec nous sa vision des choses. Notre démarche est dictée par la nécessité d’une vision cohérente et responsable, animée par un esprit collectif, pour accompagner cette révolution jusqu’à son aboutissement par l’instauration d’une véritable démocratie». 

 

Par Samir Ghezlaoui
Source ElWatan

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