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vendredi 29 mars 2024
DébatsFrance. La diaspora algérienne mobilisée à Montreuil

France. La diaspora algérienne mobilisée à Montreuil

Plus de 400 personnes ont participé, mardi soir, dans la ville de Seine-Saint-Denis à un « hommage à la révolution du Sourire » et ont débattu des « perspectives de transition démocratique en Algérie ».

La salle des fêtes de Montreuil était comble, mardi soir. À l’invitation de Dzayer 2.0, collectif né place de la République à Paris en soutien aux mobilisations algériennes contre un cinquième mandat du président Abdelaziz Bouteflika à la tête du pays, plus de 400 personnes – beaucoup issues de la diaspora – ont débattu de l’avenir du pays maghrébin. « Tout est à revoir » pourrait résumer la soirée.

Professeur d’économie à l’université de Paris Dauphine, Mouhoub El Mouhoub a décrit l’Algérie comme un État rentier, victime certes de la baisse des cours du pétrole en 2013, mais surtout d’une mauvaise gestion. « Si les hydrocarbures ont aidé à avoir un taux de croissance élevé, celui-ci a exclu des secteurs entiers de la population et de la jeunesse », a-t-il décrit. Surtout, les investissements nécessaires n’ont pas été faits, dans une économie marquée par de puissants secteurs de l’importation et du bâtiment, dont les dirigeants étaient proches du régime. « Ce système a fait reculer l’industrie de 16% e 1996 à 4% aujourd’hui », dénonce l’économiste, qui livre d’autres chiffres accablants. Le taux de participation au marché du travail n’est que de 40% pour la population active et de 17% pour les femmes.

Hacène Ouali, journaliste à El Watan, pointe lui aussi, le malaise né du chômage de masse, dans un pays où 70% des habitants ont moins de 40 ans. « Il touche surtout les diplômés », relève-t-il. Dans un tel contexte, la candidature d’Abdelaziz Bouteflika a été perçue comme « une humiliation ». Hakim Addad, du collectif de suivi du mouvement du 22-février (CSVM), renchérit : « Ce qui fait le plus peur au régime aujourd’hui c’est cette interconnexion entre l’université et la rue ».

La place des femmes dans la société algérienne sera amenée à évoluer

Après la démission du président Abdelaziz Bouteflika – et l’on venait également mardi de connaître celle du président du Conseil constitutionnel -, la question des perspectives se retrouvait au cœur des interventions. Le besoin d’une évolution constitutionnelle est sur toutes les lèvres. La nécessité que la transition ne soit pas conduite – sous l’égide du chef d’Etat major Gaïd Salah – par des caciques du régime est partagée. Un gouvernement issu du peuple doit voir le jour, mais comment le composer ? Des techniciens ? Des politiques ? Quel nombre de ministres ? Même problématique sur la désignation des membres d’une assemblée constituante : des élections ou des nominations par les « corporations » ?

Une chose, en revanche, ne faisait pas débat : la place des femmes dans la société algérienne sera amenée à évoluer. Pas question d’attendre, comme le dit, une jeune femme dans la salle « pour revendiquer tout de suite l’égalité des sexes ». « La question de la femme est au cœur du mouvement », souligne aussi Hacène Ouali. Pour cela, il faudra, comme le demande Ghanima Ammour de l’ACDA (Agir pour le changement et la démocratie en Algérie) arriver à « la séparation de la politique et de la religion ». Toutes les « constitutions algériennes stipulent l’égalité hommes / femmes », tient-elle à rappeler, mais dans les faits, ce principe n’est pas appliqué. Une des revendications importantes sera dès lors « l’abrogation du Code de la famille », une concession faite aux islamistes en 1984. Le peuple algérien est bien décidé à écrire une nouvelle page de son histoire.

 

Source L’Humanité
Par G.De Santis

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