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Espace euro-Méditerranéen : Espoirs et désillusions

Au milieu des années 90, l’Europe et ses voisins de la rive sud de la Méditerranée se sont lancées dans un ambitieux projet de mise en place d’une zone commune de coopération et de développement. Un espace que l’on voulait alors de paix, de liberté et de prospérité partagée.
L’adhésion était massive et les espoirs réels. Près de 25 ans après la tenue de la conférence de Barcelone, il est inutile de se hasarder à faire un bilan de ce processus. Ni paix, ni prospérité. Pis encore, cette Méditerranée que l’on voulait de liberté s’est, au grès des évènements, transformée en carrefour de l’horreur et de la barbarie. Plus de 1200 migrants sont depuis le début de l’année en tentant de joindre l’Europe depuis la Libye. Les régimes autoritaires qui devaient disparaitre pour laisser s’installer la démocratie et l’État de droit sans plus que jamais renforcés par une conjoncture difficile marquée par la menace terroriste.
Le 11 septembre 2001, l’Union Pour la Méditerranée (UPM) et le printemps dit «arabe» ont eu raison de la volonté affichée dans le cadre du processus de Barcelone et des espoirs que celui-ci a suscités.
Force est de constaté qu’aujourd’hui, tous les débats concernant l’espace euro-méditerranéen s’articulent autour de deux sujets majeurs : le terrorisme et l’immigration illégale. Et ce ne sont pas les derniers sommets européens ou les échanges entre les pays des deux rives de la Méditerranée qui vont apporter une quelconque contradiction.
Tout récemment, les 27 + 1 dirigeants de l’Europe et de la Grande Bretagne se sont réunis à Salzbourg (Autriche) pour parler des migrants, de la sécurité intérieure et du Brexit. La veille, le 17 septembre courant, la Chancelière allemande Angela Merkel s’est rendue à Alger pour évoquer le cas des ressortissants algériens en situation irrégulière en Allemagne. Ce qui illustre parfaitement la mise en veille, voire l’abondant du projet euro-méditerranéen au profit de dossiers qui, sur le plan interne à chaque pays, sont politiquement plus porteurs tels que la lutte contre le terrorisme et la gestion des flux migratoires.
Des sujets, brulants pour les uns et porteurs pour les autres, et sur lesquels des accords sont rapidement conclus entres les dirigeants européens et ceux de leurs partenaires méditerranéens, en particuliers des pays d’Afrique du Nord. Ces ententes sont souvent faites au détriment des libertés et des droits de l’Homme comme l’atteste l’accord conclu entre l’UE et la Maroc où l’argent est échangé contre une certaine façon de gérer ou de stopper l’arrivée des migrants subsahariens et de les empêcher, par des méthodes inhumaines, de se rendre en Europe. Ceci, sans oublier les cautions de l’UE pour les politiques autoritaires et liberticides qu’exercent certains régimes comme en Algérie ou en Turquie.

Hakim TAIBI

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