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vendredi 29 mars 2024
InternationalDes djihadistes français impliqués dans l'esclavage sexuel des femmes yézidies

Des djihadistes français impliqués dans l’esclavage sexuel des femmes yézidies

La FIDH réclame la poursuite des djihadistes étrangers pour génocides et crimes contre l’humanité.

Un rapport de la Fédération Internationale des Droits de l’Homme (FIDH), issu d’une enquête de terrain en collaboration avec l’ONG locale Kinyat, publié jeudi 25 octobre, décrit l’exercice de légitimation, d’organisation et de planification de la traite sexuelle des captives yézidies par les djihadistes de l’organisation Etat islamique (EI) en Irak et en Syrie. De cette enquête, précise et documentée, il ressort également que des combattants étrangers notamment Européens, dont plusieurs djihadistes français, ont été impliqués dans ces crimes. La FIDH demande que ceux-ci puissent être poursuivis par leur pays d’origine pour génocide et crimes contre l’humanité, « l’organisation ayant mis en place une politique d’élimination de la communauté yézidie passant notamment par l’esclavage sexuel et d’autres crimes sexuels contre les femmes et les filles ».

Nadia Murad, ex-esclave yézidie des djihadistes de l’EI en Irak, prix Nobel de la paix, de passage à Paris pour une rencontre avec Emmanuel Macron, a fait un détour dans les locaux de la FIDH à Paris. Elle a tenu à remercier les auteurs de ce rapport venus le présenter devant les journalistes :

C’est très difficile pour nous les survivants de témoigner. Nous mettons nos vies en danger. Il est donc très important de poursuivre ceux qui ont commis des crimes et que la justice soit faite.

« Ce rapport a réussi à recueillir un certain nombre de témoignages de femmes yézidies qui ont pu relater de manière circonstanciée l’abomination dont elles ont été victimes : esclavage, viol, violences sexuelles y compris avec des adolescentes. Des femmes réduites à vivre dans une barbarie passée et quasiment inimaginable, vendues comme du bétail, obligées dans certains cas de faire payer pour être rachetées », souligne l’avocat de la FIDH, Patrick Baudouin. Il poursuit : « Il ne s’agissait pas d’actes isolés. Mais de quelque chose de programmé et de voulu. C’était une directive donnée par l’EI. » S’appuyant sur l’enquête de la FIDH, il assure que « les djihadistes étrangers semblent avoir été les principaux ‘bénéficiaires’ de ce recours à l’esclavage, au viol et aux violences sexuelles ».

En août 2014, des djihadistes de l’EI ont envahi le mont Sinjar, fief de cette minorité religieuse kurdophone dans le nord de l’Irak, tuant des milliers d’entre eux et enlevant des milliers de femmes et d’adolescentes pour les réduire à l’état d’esclaves sexuelles.

Plus de 6.800 Yézidies auraient été retenues captives : 4.300 se seraient échappées ou auraient été rachetées et 2.500 seraient encore « disparues », affirme le rapport.

Selon les informations de l’ONG, « réduire les femmes en esclavage était un privilège réservé à certains combattants, notamment à ceux qui avaient un grade élevé ou qui étaient de nationalité étrangère ». D’après les témoignages recueillis, des femmes ont assuré avoir été offertes ou achetées par des combattants de l’EI qui sembleraient venir d’Arabie saoudite, de Libye, de Tunisie, du Liban, de Jordanie, de Palestine, du Yémen, de France, d’Allemagne, de Chine et des Etats-Unis. Le nombre de Français impliqués est impossible à déterminer, a précisé Amal Nassar, représente permanente FIDH auprès de la CPI.

Katrin, 30 ans, rescapée yézidie, a raconté à propos de son ravisseur :

Il m’a dit que je ne devais pas retourner dans ma famille parce qu’ils étaient infidèles, lui aussi avait quitté sa famille en France, parce qu’ils étaient infidèles. Il m’a montré des photos de ses enfants en France, ils lui ressemblaient beaucoup.

Elle raconte aussi que son ravisseur vivait avec sa famille. « J’ai été achetée par un Français qui m’a amenée vivre avec sa mère et ses deux sœurs à Raqqa. Je savais qu’il était français d’après la fille de leur voisin, qui était aussi française et qui m’a dit qu’ils étaient tous français. Sa sœur était aussi mariée à un Français de Deir Ezzor. »

Une autre femme, Salma, 26 ans, a rapporté :

Sa femme ne parlait pas un mot d’arabe, elle ne comprenait pas le problème des Yézidis. Elle n’arrêtait pas de demander ce que je faisais là, mais lui me disait de ne rien dire. Elle voulait que je parte. Quelques jours plus tard, il m’a emmenée loin de son foyer dans une autre maison. Là-bas, il m’a violée trois fois après m’avoir menottée et bâillonnée.
 Sarah Diffalah
Source : Obs

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