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jeudi 18 avril 2024
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Nassim Moudoud, un « amoureux » de la terre et de la culture amazighe condamné pour délit d’opinion

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La campagne #Libérez_Les tout au long du mois de Ramadan en partageant les histoires de personnes injustement détenues en Algérie. L’accent est mis aujourd’hui sur l’histoire de Nassim Moudoud, un « amoureux » de la terre et de la culture amazighe condamné pour délit d’opinion.

Moudoud Nassim est né le 3 janvier 1984 à Ait Oujahane au nord de Sétif. Il quitte l’école très jeune pour se vouer au travail de la terre et prendre soin de ses parents. Malgré la rudesse du travail dans les champs, Moudoud arrive à faire de la terre familiale un paradis maraîcher dont il récolte olives, fruits et légumes naturels.

Dans son petit village à Thamga, il consacre ses moments libres à la musique, sa grande passion, et à la culture amazighe. Inspiré par les grands noms de la chanson kabyle, il compose des mélodies et des chansons en l’accompagnant par la mandole, son instrument préféré.

Pour Nassim, la musique n’est pas un simple passe-temps, c’est un engagement profondément enraciné dans la culture. Plus tard, Nassim convertit une partie de l’ancienne maison familiale en un studio d’enregistrement, offrant un espace de création aux jeunes talents de la région. Ses compositions, bien qu’enregistrées, restent dans le domaine familial.

Le 13 décembre 2021, la quiétude de la vie de Nassim et sa famille est brutalement interrompue, lorsqu’une équipe de la gendarmerie nationale effectue une perquisition à son domicile. Accusé arbitrairement d’appartenir à une organisation terroriste en raison de ses publications sur les réseaux sociaux, Nassim est « arraché » à ses parents et à sa terre et placé en détention préventive à la prison d’Aïn Oulmene à Sétif.

Il est notamment poursuivi pour « apologie du terrorisme » et « appartenance à une organisation terroriste », en vertu de l’article 87 bis pour des liens présumés avec le Mouvement pour l’autodétermination de la région de Kabylie (MAK), organisation classée « terroriste » par les autorités algériennes depuis mai 2021.

Le parquet requiert la peine capitale avec pour élément attentatoire une opinion sur les réseaux sociaux. En janvier 2023, Nassim est condamné en première instance à dix ans de prison ferme, mais sa peine est réduite à cinq années ferme en appel. Sa famille, ses amis et son village attendent la décision suite à l’appel au niveau de la Cour suprême, avec l’espoir ardent qu’il soit libéré.

Le Conseil de sécurité adopte une résolution exigeant un cessez-le-feu immédiat à Gaza

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Le Conseil de sécurité des Nations Unies a promulgué une résolution ferme lundi, par laquelle il intime un cessez-le-feu humanitaire impératif à Gaza durant le mois sacré du Ramadan. Cette injonction s’accompagne de l’exigence de la libération immédiate et inconditionnelle de l’ensemble des otages détenus.

La résolution, présentée par les membres non-permanents du Conseil dont l’Algérie et adoptée par 14 voix pour et une abstention américaine, traduit l’inquiétude grandissante face à la situation humanitaire calamiteuse prévalant dans l’enclave palestinienne.

Les instances onusiennes pressent indubitablement les parties prenantes de se conformer au droit international régissant la détention de personnes. Elles insistent sur l’urgence d’accroître substantiellement l’acheminement de l’aide humanitaire aux populations civiles gazaouies et de lever toutes les entraves entravant cette opération vitale.

Cette démarche résolutoire intervient tandis que des efforts diplomatiques menés par l’Égypte, les États-Unis et le Qatar sont en cours pour tenter d’obtenir une cessation durable des hostilités, la libération d’otages et une distribution optimale de l’assistance humanitaire. Le Secrétaire général Antonio Guterres a réitéré l’impérieuse nécessité de mettre en œuvre cette résolution, avertissant qu’un éventuel manquement serait impardonnable au regard de la gravité de la conjoncture.

La Rédaction

La date du procès du militant Mohand Barrache fixée

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Le tribunal criminel de première instance de Dar El Beida, dans la wilaya d’Alger, a fixé au 21 mai 2024 la date du procès de Mohand Barrache, connu sous le nom de Mohand Taferka. Ce militant associatif de la diaspora française est détenu depuis le 16 novembre 2023 à la prison de Koléa, dans la wilaya de Tipaza.

C’est le juge d’instruction près du tribunal de Sidi M’Hamed qui a ordonné son placement en détention préventive, alors qu’il était déjà empêché de quitter le territoire algérien depuis le 27 avril 2023.

Mohand Barrache, résident en France où il animait une association accueillant écrivains et journalistes à Montreuil, s’était vu interdire de quitter l’Algérie lors d’un séjour dans le pays. Il avait été interpellé au port d’Alger alors qu’il s’apprêtait à embarquer pour Marseille, avant d’être conduit au centre de police de Saoula spécialisé dans la lutte contre la criminalité organisée. Relâché par la suite, il demeurait cependant privé de son droit de sortie du territoire.

Les motifs précis de ces poursuites judiciaires à son encontre n’ont pas été communiqués officiellement. Son procès devant la juridiction algéroise est désormais programmé dans deux mois.

SAMIR L.

Le Parti des travailleurs élude une position claire sur la présidentielle

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Alors que l’Algérie fait face à des élections présidentielles anticipées le 7 septembre prochain, le Parti des travailleurs (PT) semble peiner à définir une ligne de conduite affirmée. Dans un communiqué publié ce dimanche, le Secrétariat du Bureau politique du PT a en effet esquivé une prise de position tranchée sur cette échéance cruciale.

Après avoir dénoncé “l’extermination du peuple palestinien” et condamné “le crime odieux” de l’attentat meurtrier à Moscou, le PT s’est employé à analyser le “contexte mondial lourd de dangers”. Évoquant “les projets sionistes qui prévoient de disloquer toute la région”, le parti laisse transparaître une frange conspirationniste remettant en cause l’auteur des attaques de Moscou, “tout le monde sait que Daech est une création de l’impérialisme américain”.

C’est seulement dans les derniers paragraphes que le communiqué aborde, avec bien des précautions oratoires, la question des élections anticipées. “Le Secrétariat du Bureau Politique réaffirme que le Parti des travailleurs ne peut ignorer une aussi importante échéance électorale”, peut-on lire, avant d’ajouter : “Les instances de direction du Parti discuteront et décideront de la question.”

Cette formulation évasive traduit l’embarras du PT à trancher sur sa participation ou non à ce scrutin qualifié pourtant “d’important”. Le parti invoque “le contexte mondial et régional et les intérêts du peuple algérien” comme facteurs devant guider sa décision.

Faute d’une ligne directrice affirmée, le parti d’extrême gauche semble ainsi se réfugier dans une rhétorique anticapitaliste convenue pour masquer son indécision.

Cet aveuglement idéologique et ce manque de clarté politique illustrent l’impasse dans laquelle se trouve une frange de l’opposition algérienne, incapable de se positionner sur un enjeu démocratique aussi crucial que la tenue d’élections présidentielles. Une attitude qui risque d’alimenter la défiance déjà forte des Algériens envers leurs représentants politiques.

Kamel AIDOUNE

Tebboune appelle à donner la priorité au développement de Khenchela, Tissemsilt, Djelfa et Tindouf 

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Lors de la réunion du Conseil des ministres qu’il a présidée dimanche, le chef de l’Etat Abdelmadjid Tebboune a souligné l’impératif d’accorder une importance cruciale à l’achèvement des programmes de développement dans les wilayas de Khenchela, Tissemsilt, Djelfa et Tindouf.

M. Tebboune a appelé à adopter une stratégie basée sur l’équilibre régional en matière de développement, afin de remédier aux lacunes historiques entre les différentes régions du pays. Dans le suivi de la mise en œuvre des programmes complémentaires de développement dans ces wilayas, le président a réaffirmé « la nécessité de renforcer la cohésion nationale, une priorité centrale, à travers une stratégie d’équilibre régional pour corriger les disparités passées », selon le communiqué du Conseil des ministres.

Concernant la wilaya de Djelfa, le chef de l’Etat a mis l’accent sur « l’importance de l’aménagement urbain et de l’harmonisation du chef-lieu de la wilaya avec l’expansion urbaine moderne ».

Pour Tindouf, M. Tebboune a salué les efforts du ministère de la Santé pour l’équipement des infrastructures sanitaires, conformément à ses engagements lors de sa dernière visite visant à améliorer les services de santé pour les citoyens. 

S’agissant de Tissemsilt, le président a instruit d’augmenter le quota de logements ruraux de cette wilaya, le faisant passer de 3 000 à 15 000 unités.

Le Président a insisté, de manière générale, sur l’importance de finaliser les programmes de développement dans ces wilayas qui ont connu un retard durant des décennies.

La Rédaction

La France passe en alerte maximale après l’attentat de Moscou

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Deux jours après l’attaque meurtrière revendiquée par l’EI à Moscou (137 morts), le gouvernement français a décidé dimanche de porter le plan Vigipirate à son niveau le plus élevé « urgence attentat ».

Annoncé par le Premier ministre Gabriel Attal suite à un Conseil de défense présidé par Emmanuel Macron, ce rehaussement du dispositif antiterroriste fait suite à la menace représentée par l’Etat islamique au Khorassan, qui a revendiqué l’attentat de Moscou.

Selon Matignon, ce groupe radical menace la France et a été lié à des projets d’attentats récemment déjoués en Europe. Le plan Vigipirate avait été abaissé en janvier.

Dès lundi, les services de sécurité se réuniront pour coordonner les nouvelles mesures, à 4 mois des JO de Paris nécessitant un très haut niveau de protection. Les détails opérationnels du niveau « urgence attentat » ne sont pas connus.

La Rédaction/Agences

Jil Jadid tergiverse sur sa candidature à la présidentielle 2024

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Dans une récente interview à la Radio algérienne, Soufiane Djilali, président du parti politique Jil Jadid, a éludé la question cruciale de sa participation aux élections présidentielles anticipées du 7 septembre prochain. Malgré une rhétorique alambiquée vantant les mérites de défendre un « projet de société », M. Djilali a habilement esquivé un engagement clair, affirmant qu' »il est encore trop tôt pour trancher la question ».

Cette attitude fuyante et précautionneuse soulève des interrogations quant à la détermination réelle de Jil Jadid à se présenter comme une véritable alternative politique. M. Djilali semble se réfugier derrière des prétextes spécieux, évoquant des « conditions qui ne sont pas encore visibles » pour justifier son indécision.

Cependant, au-delà de ces atermoiements, ses propos révèlent une critique acerbe du paysage politique algérien actuel. Il déplore « une forme de nihilisme » ayant emporté les partis, rendus quasiment inaudibles par « une politique menée au cours des dernières années ». Cette condamnation d’un statu quo délétère pour la démocratie est renforcée par sa dénonciation du manque de soutien financier étatique, affirmant que « Jil Jadid n’a jamais reçu un centime » malgré un « travail d’utilité publique ».

Malgré ce discours revendicateur, M. Djilali peine à convaincre de l’authenticité de ses ambitions présidentielles. Son appel creux à « renforcer un front national interne » et à permettre « l’expression politique » sonne comme un exercice de style déconnecté des réalités du terrain. Sa rhétorique émaillée de concepts vagues comme « l’élan patriote » ou la « doctrine du pays » ajoute à l’impression d’un positionnement flou et peu engageant.

En définitive, cette interview laisse un goût d’inachevé et d’opportunisme politique de la part de Soufiane Djilali. Ses propos évasifs quant à une candidature présidentielle, conjugués à ses critiques du système sans réelle proposition concrète, dépeignent un parti en manque de leadership affirmé et de vision véritablement réformatrice pour le pays.

Kamel AIDOUNE

Mohcine Belabbas écope de six mois de prison ferme

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Le tribunal d’Hussein Dey a rendu ce dimanche 24 mars 2024 son verdict dans le procès opposant Mohcine Belabbas, ancien président du Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (RCD). L’ancien député a été condamné à une peine de six mois de prison ferme et une amende de 100 000 dinars.

Conformément aux réquisitions formulées par le ministère public lors de l’audience du 17 mars dernier, l’instance judiciaire a également contraint M. Belabbas à s’acquitter d’une indemnité de 50 000 dinars au profit de la partie civile, à savoir la commune de Gué de Constantine.

Pour rappel, cette affaire concerne le décès accidentel d’un ouvrier marocain survenu sur un chantier de la résidence privée du prévenu. Une enquête avait été diligentée par les services de la gendarmerie dès l’été 2020, bien que les faits remontent à deux années auparavant. 

Disposant alors du statut de parlementaire, Mohcine Belabbas avait dans un premier temps été protégé par son immunité, avant d’en être destitué en octobre 2020 à la demande du ministre de la Justice de l’époque.

SAMIR L.

Le Hirak : des dogmes et des hommes (Contribution)

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Dans un nouveau chapitre de l’ouvrage “Dissidence populaire Regards croisés”, Hacène Hirèche, consultant, analyse la relation tumultueuse entre religion et politique au sein du Hirak algérien. Soulignant le caractère durable de ce soulèvement populaire, l’auteur appelle à un débat apaisé sur la place de l’islam dans la sphère politique afin de rapprocher les positions divergentes des acteurs laïcs et islamistes du mouvement.

Le Hirak : des dogmes et des hommes

Le nom même de cette révolte populaire, en son ampleur, marque le pari et le défi qu’il suscite: Hirak/Amussu est un terme polysémique. Mouvement, révolte, soulèvement, marche, remous, remuement, soulèvement, voire révolution. Il évoque aussi l’idée de durée.

Ce n’est pas un séisme mais une transmutation comme celle que provoquent les saisons ou le printemps pour n’évoquer que lui. Le printemps n’est pas aussi éphémère que le clament les poètes. Il dure suffisamment pour nourrir son environnement et s’éclipse avant de revenir toujours avec autant d’éclat. Son arrêt n’est qu’une phase de maturation. Il reprend là où son cycle le commande.

Le Hirak aussi a ses cycles, il n’est jamais éteint. Il attise ses braises ardentes tant que perdurent l’incurie et le despotisme du pouvoir sans boussole.

Ménager les bourgeons et crever l’abcès

Incontestablement ce Hirak/amussu est un soulèvement pacifique. Cela relève presque du miracle tant les Algériens cumulent des souffrances depuis plusieurs générations. L’objectif de ce réveil collectif est de procéder à un changement calme et progressif et non à une violente table rase. Cela dit, quelle que soit la nature paisible du printemps, immanquablement surgissent des turbulences.

Il en est ainsi des polémiques entre acteurs politiques laïcs et islamistes qui ont accompagné, tantôt en douceur, tantôt avec véhémence, ce mouvement tout au long de son action et surtout depuis sa phase de repos. Phase imposée d’abord par la Covid-19 puis par les forces de répression. Certains acteurs ou observateurs préfèrent parler d’opposition entre soummamiens et badissiyines.

Les rudes échanges entre les partisans de l’un et de l’autre camp, montrent la nécessité historique de ménager les bourgeons et, en même temps, de crever l’abcès.

Les ravages causés par la décennie noire et son cortège de milliers de morts et de disparus n’ont pas réussi à enterrer définitivement la hache de guerre et n’ont visiblement pas abouti aux mêmes leçons pour tous. Certes, pour le moment les échanges restent verbaux mais les sorties régulières d’une frange d’islamistes comme Abderrazak Mokri et de tant d’autres fatwatistes n’augurent rien de bon, celles de l’état- major non plus.

Politique et religion terrains inflammables

Il ne s’agit pas pour moi de renvoyer dos à dos les deux camps cités plus haut mais plutôt de participer modestement à l’émergence d’une réflexion commune et de chercher, avec le plus grand nombre, des pistes pour résoudre un conflit qui peut être un frein pour la suite ou pour la conclusion du Hirak, voire qui peut s’avérer une vraie poudrière et dans son berceau en Algérie et dans la diaspora.

Les violences verbales et quelque peu physiques qui se sont manifestées à la Place de la République (Paris) le dimanche 12 juillet 2022, par exemple, ne sont pas une indication pour nous rassurer d’autant plus qu’elles étaient suivies peu après par les événements de Dijon où, semble-t-il, des Tchéchènes radicalisés se seraient attaqués à des Nord-africains. Mon propos n’est pas d’amplifier la portée de querelles très circonscrites, mais il ne faut rien négliger. Religion et politique sont tous deux des terrains très inflammables.

C’est pourquoi il me semble clair que le Hirak/Amussu ne pourra pas faire l’économie d’un débat autour de cette question cruciale qu’est le couple « Islam et politique». La période du confinement (total ou partiel) suivie de la trêve imposée par une répression stalinienne sont un moment de transition propice pour clarifier les positions de chaque acteur et de chaque camp. Non pas pour vaincre mais pour rapprocher les points de vue ou à tout le moins étouffer le feu. Dans toute crise, la tentative des uns d’en appeler à l’épée du « Ciel » et de celle des autres d’en référer au glaive du « Tsar », peut mal se terminer. Janvier 1992 en est une expérience douloureuse dont les braises ne sont pas encore totalement éteintes.

Il faut donc garder notre calme car peu de sujets comme « Islam et politique », occasionnent tant de malentendus, de réponses toutes faites, de raccourcis, de virulences, voire de violences. C’est un sujet devenu permanent et passionnel et internationalisé depuis au moins la « révolution » iranienne pour ne parler que de la période récente.

Tout dans un tel débat peut s’avérer un vrai piège susceptible de passer de turbulences à de graves dérives : les références linguistiques, culturelles, historiques, langagières, géopolitiques, économiques, anthropologiques, sont autant de mèches que l’on peut allumer dès lors qu’elles s’appuient sur les certitudes rigides des uns ou des autres.

Tout peut déclencher une avalanche émotionnelle incontrôlable. Nous n’avons pas une expérience de libres débats et nous considérons comme particulièrement tabous les sujets relatifs à la sphère religieuse, historique ou aux mœurs. Si vous rajoutez à ce cocktail, l’ego légendaire de l’Algérien et ses comportements impulsifs, vous conviendriez que l’explosif n’aurait pas forcément une odeur de printemps.

Algérie, crise de confiance et compromis difficiles

Aussi longtemps que l’on puisse remonter dans l’histoire, nous avons du mal à saisir où s’arrêtent et où commencent le champ religieux et celui du politique. Les frontières entre leur théâtre d’action et de discussions sont minces et volatiles. Même dans les pays sécularisés, la séparation des deux ordres reste parfois floue ce qui provoque des retours de feu sporadiques, mais parfois menaçants.

En Algérie ou dans la diaspora, sur les réseaux sociaux ou sur les plateaux télés, nous relevons régulièrement que certains s’assoient sur des arguments politiques pour défendre des intérêts religieux ou s’appuient sur des arguments religieux pour faire valoir des intérêts politiques. Une telle rhétorique conduit toujours leurs auteurs à imposer l’islam religion de l’État comme une nécessité.

Les islamistes et conservateurs qui y souscrivent pensent que l’Algérie est une terre d’islam même s’ils se défendent de vouloir y effacer toute autre donnée culturelle. À l’opposé, les laïcs estiment que le pays ne peut être qu’une République d’où doit être extirpée la religion même s’ils se défendent de vouloir y éradiquer toute pratique cultuelle.

Depuis la participation de Messali Hadj, auprès de l’émir libanais Chekib Arslan, au congrès islamique et panarabe de 1931 à Jérusalem provoquant un tournant idéologique radical dans le mouvement nationaliste algérien, une crise de confiance s’est installée dans les rangs des militants. Une crise dont les rebondissements de 1949 (crise dite antiberbère) et de 1956 (Congrès de la Soummam) ont poussé ces deux familles protagonistes à s’affronter régulièrement.

Parfois verbalement mais parfois avec violence comme en témoigne l’élimination des nationalistes M’barek Aït Menguellet, Ouali Bennaï et Amar Ould Hamouda (pour ne citer qu’eux), taxés de «berbéro- matérialistes ». Une élimination qui a donné le la à la guerre fratricide FLN/MNA (1) lors même que ce conflit relève d’autres problématiques.

Aussi loin que l’on puisse remonter dans l’histoire, celle-ci montre que les conquêtes de la foi ont été également des conquêtes politiques, et les conquêtes politiques ont été souvent aussi celles de la foi. C’est pourquoi les religions (monothéistessurtout) restent encore difficilement séparables de la politique.

Le danger d’un tel mariage reste d’actualité. Le cas de l’Islam est plus visible, plus étendu mais le retour de l’orthodoxie dans la Russie de Poutine montre bien que le danger peut émerger là où on l’attend le moins.

Les discours des partisans de Donald Trump et de Jair Bolsonaro en sont une preuve, hélas, tout aussi tangible. La crise multiforme d’aujourd’hui, accentuée par la guerre imposée à l’Ukraine par Poutine et par l’arrivée d’une droite fascisante en Israël, obscurcit encore plus la situation et rend les compromis difficiles.

Empereurs, papes, sultans, califes, patriarches, généraux, imams et autres zaïms, tous se sont affrontés à un moment ou un autre de l’histoire, et nous en subissons toujours les répliques. La chute du Chah d’Iran en 1979 et l’arrêt du processus électoral en janvier 1992 en Algérie confirment, si besoin était, ce scénario mortifère recommencé. Le spirituel et le temporel sont des théâtres de compétitions et de conflits plus pour des objectifs de pouvoir que pour une philosophie de la vie. Ceci explique le degré de tension qu’ils génèrent. La situation algérienne d’aujourd’hui et de demain, ne peut être exclue de ce théâtre de bras de fer et de la problématique qu’il nous impose.

Algérie, terre de citoyenneté ou terre d’islam ?

L’argument de certains hirakistes qui consiste à justifier la place de l’islam en tant que religion d’État est souvent ce raccourci : « le peuple algérien étant majoritairement musulman, l’Algérie est donc terre d’islam ». Et tout se passe comme si habiter une terre d’Islam obligerait mécaniquement à épouser la foi islamique et éliminerait, du coup, le droit à la citoyenneté. Y déroger, serait blasphémer.

Le sol serait donc un déterminant religieux, une loi de cause à effet. Pire, ce phénomène historique est essentialisé et fait de la situation actuelle un phénomène irréversible. Si on a pu ou dû changer de religion dans le passé, il n’en serait plus question aujourd’hui, ni demain.

Or cette lecture sommaire et passablement répandue, donne raison à ceux qui, en occident chrétien, voudraient étouffer la pratique de l’islam et n’admettent pas que les musulmans ne s’assimilent pas à la culture du pays d’accueil. Les gue-guères engagées surtout par les souverainistes sur la construction des mosquées en Europe ou sur certains rituels musulmans n’en sont que le symptôme d’une métastase en évolution.

Les attributions du religieux et du politique s’avèrent complexes et conflictuelles. Le partage doit donc être fait sur d’autres lignes, avec d’autres critères. Une troisième voie est possible, celle qui préconise de s’occuper des affaires terrestres sans toutefois écarter complètement les affaires célestes. Certains pays ont réussi ce pari. C’est le cas de la France mais le caractère ostentatoire de ce succès pose aujourd’hui problème en se mutant en discrimination anti « musulmans ».

D’autres l’ont fait avec succès et avec tact, c’est le cas de certains pays nord-européens. Appelée laïcité, sécularisation ou séparation du spirituel et du temporel, cette voie, a permis d’éliminer ou de réduire les affrontements entre religieux et irréligieux.

Les femmes et les hommes du Hirak/Amussu doivent immanquablement résoudre cette équation Islam/politique en s’appuyant sur les expériences qui ont abouti.

Un débat sincère en attendant que se débloque l’étau militaro-affairiste

Nous devrions nous dire cette vérité sans être qualifiés de diaboliques : politique et Islam n’ont jamais fait bon ménage. Et quand ils sont en tandem c’est encore pire, nous le voyons sous nos yeux dans tous les pays musulmans et dans les pays occidentaux à forte communauté musulmane. La religion, c’est le monde de l’ange et du démon, gardons-nous de ce dernier.

Dans ce débat, on raisonne malheureusement plus en termes de halal ou haram qu’en termes de juste ou injuste.

La croyance prime sur le droit. L’adversaire du religieux est considéré comme adversaire d’Allah. À ce titre, il ne peut donc diriger les hommes, les « ɛibad- llah » parce qu’il incarnerait le mal. Un raisonnement aussi binaire ne peut convenir au monde du politique qui repose sur d’infini variables : économiques, géopolitiques, culturelles, sociales, technologiques et tutti quanti.

La vie politique et la vie tout court, doit être autour d’une puissance publique démocratique et non autour de la puissance d’Allah. Celle-ci doit être dans les cœurs, pas dans les institutions.

Alors, pour éviter à l’Algérie d’aujourd’hui et surtout à celle de demain les gageures des liaisons dangereuses qui se nouent dans le couple religion et politique, ne parions pas sur des compromis bancals mais sur des bases claires de citoyenneté.

Séparons ces deux pouvoirs concurrents et irréductibles. La religion convient à la sphère privée et dans les mosquées, mais pas pour figurer comme principe directeur dans les textes fondamentaux de la Nation.Ces textes doivent s’attacher à garantir la liberté de conscience, l’égalité homme/femme, le même traitement pour les langues sans en sacraliser aucune.

Le débat « silmiya/talwit » est à ce prix et il doit être réglé avec intelligence. Telle est ma part de colibri aujourd’hui en attendant que l’Algérie se libère de l’étau militaro-affairiste qui l’enserre, parce qu’elle va s’en libérer.

Hacène Hirèche

Consultant

Le sens politique d’une présidentielle anticipée (Contribution)

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La décision du chef de l’État, A. Tebboune d’écourter son mandat de quelques mois est intrigante à plus d’un titre, notamment que nous ne sommes pas dans le secret des dieux. Un non-sens du point de vue extérieur, car il aurait pu terminer son mandat et ne pas appeler à des élections anticipées pour le 07 septembre 2024.

Nous n’avons pas de boule de cristal, mais telles que les choses se présentent, A. Tebboune ne sera pas candidat. Déjà il y a quelques semaines, des rumeurs disaient que ces élections présidentielles seraient reportées et il y a eu d’autres rumeurs qui disaient qu’une partie influente de l’appareil de l’État n’est pas en faveur d’un deuxième mandat de A. Tebboune. Là, on en est au stade des rumeurs politiques.

Décider d’écourter un mandat est alors de ce point de vue l’expression d’exacerbation des conflits et des contradictions au sein du sommet du régime algérien, car écourter son mandat à 4 mois de la tenue des élections est un non-sens.

Quelle est la nature de ces conflits ? Je ne pense pas qu’elle soit d’ordre purement politique, car un consensus existe sur la nature autoritaire de l’Algérie post-Hirak populaire. Ils sont aussi d’accord sur le caractère libéral de l’économie nationale. Mais une chose est sûre, le régime sous la direction formelle d’A. Tebboune, apparemment, ne fait pas consensus sur les grands équilibres au sein du bloc social au pouvoir.

L’actuel président, en quatre ans, a été incapable d’impulser une dynamique politique interne pour renouveler la base sociale du régime comme l’ont fait Bouteflika, Zeroual et Boudiaf avant lui. Ou sommes-nous dans un scénario de velléité d’autonomie relative de Tebboune ? Car pendant le mandat de Tebboune, tout le personnel politique gouvernemental et ses alliés partisans se sont effacés de la scène politico-médiatique.

La décision d’organiser des élections le 07 septembre 2024 est aussi intrigante. Car les futurs candidats sont dans l’obligation de collecter les signatures et de faire campagne en pleine période estivale et de grandes chaleurs insupportables. Dans un pays connu par ses traditions de boycott et de non-participation aux élections, le choix de cette saison pour organiser des élections n’est pas vraiment le bon sens. Comme si l’on faisait en sorte que personne ne participe.

Pour le moment, le sens qui se dégage du choix de la campagne de collecte de signatures et de la campagne électorale, c’est-à-dire en plein été qui s’annonce déjà très chaud, s’apparente à une volonté de plus de fermeture du jeu politique à l’occasion de ces présidentielles. La fermeture ne concerne pas uniquement l’opposition fragilisée, mais aussi les partis alliés au régime. Ils ne veulent pas reproduire le scénario du 12/12/2019, avec un Mihoubi (RND) qui a failli être président et la direction du FLN qui n’a pas soutenu Tebboune.

Fermer le jeu au profit d’un candidat issu du régime et incapable de s’autonomiser à l’avenir. Le choix du nom du candidat est-il déjà prêt ? On ne sait pas pour le moment. L’été algérien s’annonce déjà doublement chaud et le peuple doublement en vacances.

Par Samir Larabi