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jeudi 25 avril 2024
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Affrontements entre jeunes et forces de l’ordre à Bab El Oued

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Des affrontements ont éclaté entre des jeunes et les forces de l’ordre dans la soirée du jeudi 15 novembre 2018 dans plusieurs quartiers de Bab El Oued, à Alger. Selon plusieurs médias, des supporteurs du Mouloudia Club Alger (MCA) ont protesté contre les “violences policières” à leur égard dans les tribunes durant plusieurs rencontres du championnat.

Les échauffourées ont commencé tout juste après la fin de la rencontre entre l’USM Alger et le CS Constantine (2-1) à Bologhine. Selon El Khabar, des supporteurs du MCA ont tenté de rejoindre le stade Omar-Hamadi pour rencontrer les supporteurs constantinois venus assister au match.

Des tensions subsistent entre les supporteurs des deux clubs, après les actes de violences et de vandalisme dont ont fait preuve les supporteurs du CS Constantine l’année dernière, lors d’une rencontre ayant opposé le MCA à la JS Kabylie.

Des manifestants ont jeté des pierres sur les forces de l’ordre, qui ont répliqué par des tirs de balles en caoutchouc.

D’autres ont affirmé que les supporteurs du MC Alger protestaient notamment contre la “violence”, “mépris”,  et le laisser-aller des forces de l’ordre contre eux dans les tribunes.

Ils évoquent notamment les incidents de Bordj Bou Arreridj, où des supporteurs locaux ont envahi le terrain et blessé certains cadres du club algérois et le passage à tabac d’un supporteur cette semaine au stade du 5-Juillet.

HuffPost Algérie

Le phénomène de la corruption (seconde partie)

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Lisez la première partie 

 

  • L’impact de la pesanteur sociale et la banalisation du phénomène par les intercessions

La société civile a un rôle de premier plan dans le processus de bonne gouvernance car elle a le monopole du contrôle de l’action gouvernementale par ses représentants. Mais lorsque celle-ci s’engouffre dans la pratique de la corruption, cela ne fera qu’encourager les dirigeants à se pérenniser dans cette situation mafieuse parce que tout simplement ils n’auront de compte à rendre à personne si ce n’est qu’à leur conscience. L’implication de la plupart des membres de la société dans la corruption a métamorphosé cette dernière en un phénomène social à tel point que tout « citoyen lambda » aurait, une fois, violé la loi pour obtenir satisfaction, par empressement, négligence, orgueil ou paresse.

Les Algériens posent à longueur de journée des actes négatifs qu’ils n’ont pas le courage d’assumer. Quand un individu est appréhendé, il fait recours à des personnes âgées pour plaider sa cause. Cela est connu comme une coutume et cela affaiblit la puissance d’intervention de l’État. L’intercession qui peut être rendu par un nombre impressionnant d’autres concepts : intervention, arrangement, supplique, etc. C’est connu “sensibilité anthropologique” c’est la personne, ses côtés dits faibles”, c’est à travers cette “faiblesse anthropologique” que la mission “opère” : vieilles femmes, le conjoint ou la conjointe, l’ami auquel on ne refuse rien, le père ou la mère, l’oncle ou la tante, les beaux-parents, etc. Cette “agression” de la libre sensibilité opère généralement et toujours. Quel fils n’écouterait pas son géniteur qui vient le supplier en faveur d’une tierce personne ? Ainsi, il semblerait qu’en Afrique, qu’il n’y ait rien que ce “vagabondage intercesseur” n’arrive à régler. S’y adonnent à cœur joie !

Intercession, oui, mais justice et “punition” aussi pour que le coupable prenne conscience que si une société fonctionne, c’est qu’il y a des règles qui doivent être respectées. Ainsi, nous posons des actes des plus répréhensibles pour ensuite recourir à l’intercession afin d’échapper aux conséquences desdits actes, c’est le reflet d’une conscience obtuse qui refuse la “sanction” au profit de l’impunité !

À cette intercession, il faut ajouter l’influence de la parenté à plaisanterie (cousinage). Un concept qui remonte à des siècles, c’est une tradition qui a été inculquée par les anciens, pour l’harmonie de la vie en société.

  • Le cousinage et l’impunité des actes délictuels

Dans les rapports complexes véhiculant la paix, l’entraide, la solidarité, le pardon, le pacte de sang, la parenté à plaisanterie a eu à jouer un rôle éminemment positif Mais aujourd’hui, cette pratique est devenue un moyen efficace d’échapper à la punition. Certes, le cousinage à plaisanterie est bien ancré dans les habitudes et bien vécu aujourd’hui par les acteurs concernés. Il est, cependant, à craindre demain, que l’inflation, et surtout l’instrumentalisation de celui-ci dans et par les medias, et dans la bouche de certains politiciens ne soient ses véritables fossoyeurs et produisant les effets contraires, du moins en semant le doute, la gêne et la confusion. La parenté à plaisanterie s’est désormais invitée dans les commissariats et les prétoires empêchant à la justice de fonctionner et aux sanctions, de tomber. Elle s’est invitée sur les routes, dans la circulation empêchant à d’honnêtes policiers et d’autres agents de la routière de faire correctement leur métier. Elle s’est invitée dans les administrations et les couloirs des services d’État allouant prébendes, postes et autres libéralités, tout cela, au nom de cette «sacrée parenté à plaisanterie ». Elle s’est invitée à l’école, à l’université, faussant les notes et les examens, bradant les diplômes comme des beignets au marché ! Surtout, elle s’est invitée dans la politique, au plus haut sommet de l’État faussant les débats politiques, excusant celui-ci, pardonnant à celui-là malgré la lourdeur de sa faute. Ainsi, ce cousinage, loin d’être un outil de partage avec autrui, est devenu un outil de promotion personnelle, à des fins très diverses : obtention de faveurs auprès d’une connaissance dans l’administration, pour l’obtention d’emplois, de diplômes, etc. Il s’agit de l’utilisation « démagogique» que nous pourrions d’ailleurs rapprocher de certaines formes de corruption en ce qui concerne le pouvoir. Ici, entrer en « cousinage » n’a pas pour but de plaisanter et de rire avec autrui, mais de s’en servir. Nous sommes loin des descriptions angéliques visant à faire de l’Afrique le continent de l’humanisme, de l’amour et du respect. D’où l’urgence à appliquer la loi en lieu et place du consensus, car la primauté de la loi sur la coutume exige l’application stricte des dispositions de celle-ci qui doivent sanctionner les pratiques qui vont à son encontre.

La pratique de la parenté à plaisanterie est devenue une réalité sociologique qui prend le dessus sur l’État, ce qui entraîne l’inaction de la puissance publique à l’égard de ceux qui se croient tout permis parce qu’ils ont leurs cousins dans les services de répressions qui les blanchiront: tradition oblige; ainsi, beaucoup de contraventions, délits, crimes restent impunis; cela débouche sur la récidive parce que le fautif ne sera jamais puni de ses actes délictuels.

 II- Les solutions envisageables pour lutter efficacement contre la corruption.

Tout d’abord, pour mener à bien cette lutte, il est indispensable de mettre l’accent sur la séparation des différents pouvoirs : législatif, exécutif et judiciaire. Le système judiciaire est l’acteur « par excellence » de la lutte contre la corruption. Quand il ne joue pas son rôle ou lorsqu’il est atteint par la gangrène, tout le système devient corrompu. C’est dire qu’il faut un engagement ferme des politiques pour garantir l’indépendance totale du pouvoir judiciaire pour qu’il puisse faire son travail, et au besoin, instaurer une répression implacable de la corruption en son sein.

Par ailleurs, les populations doivent s’organiser et faire pression. Aussi, s’agissant de la population, il faut mettre l’accent sur l’éducation, pour apaiser l’inquiétude sur le caractère culturel de la corruption.

  • La nécessaire implication de l’ensemble de la société :

La lutte contre la corruption n’aura de succès que lorsque toutes les couches de la société et les autorités politiques et judiciaires s’impliqueront à fond, à savoir l’État à travers les institutions de la République par une volonté politique sans réserve, ensuite les élus par les moyens d’information, d’éducation, de sensibilisation et de vulgarisation des méfaits de la corruption.

S’agissant du rôle de l’État, les autorités centrales doivent afficher une volonté politique soutenue en matière de lutte contre la corruption et la délinquance financière afin de bénéficier de la confiance du peuple et des partenaires au développement. Pour parvenir à un résultat probant, l’État doit élaborer et appliquer rigoureusement des normes de contrôle par le renforcement de l’effectivité et la régularité des activités de contrôle interne et externe. La coordination des activités des organes de contrôle, le développement et la systématisation de l’audit sont des pistes à explorer pour l’atteinte des objectifs. Pour ce faire, l’État se doit :

– d’appliquer rigoureusement les textes législatifs et réglementaires en vigueur, notamment les enquêtes de moralité ;

– tenir compte des critères de probité et d’intégrité dans le recrutement et la nomination des cadres ;

– transmettre les rapports à la justice par les voies appropriées pour une suite éventuelle.

Un autre aspect important à prendre en considération, il s’agit de l’impact de l’Etat sur les conditions de vie et de travail des agents. Une lutte efficiente contre la corruption passe nécessairement par l’amélioration des conditions de vie et de travail des agents du secteur public mais aussi leur formation et leur sensibilisation à l’éthique de transparence dans la gestion des affaires de la cité. Une politique de simplification et de célébrité des procédures administratives est aussi un gage de bonne gouvernance. Le renforcement des organes et systèmes de contrôle existants et la vulgarisation des textes législatifs et réglementaires en matière de lutte contre la corruption sont des mesures complémentaires pour son succès.

  • Le rôle de l’institution législative : L’immunité parlementaire en question

De par sa qualité d’institution représentative clé dans la démocratie, l’organe législatif national doit s’impliquer dans toute démarche de lutte contre la corruption. En effet, l’institution législative constitue un « pilier» essentiel dans la lutte globale aussi contre la corruption majeure que la corruption mineure du fait notamment qu’elle est censée examiner et adopter des lois anti- corruption, d’une part, et contrôler les administrations gouvernementales, d’autre part. Le législateur peut susciter la prise de conscience au sein du public à propos du coût élevé de la corruption et des moyens adéquats pour la combattre. Afin de combattre la corruption de manière plus efficace, les parlementaires doivent commencer d’abord par mettre de l’ordre dans leur propre maison. À cette fin, ils doivent établir des normes de bonne conduite qui s’appliquent à eux-mêmes, car le comportement immoral de quelques membres peut jeter le discrédit sur l’ensemble de l’institution qui sera perçue comme étant la source du problème plutôt que la solution.

Dans la plupart des pays, les parlementaires jouissent d’une certaine forme d’immunité contre les poursuites civiles et/ou pénales. L’immunité parlementaire est une question controversée. Alors que l’immunité vise à permettre aux parlementaires d’exercer leurs fonctions loin de poursuite motivée par des considérations politiques, ce qui fait croire aux parlementaires qu’ils sont au-dessus de la loi.

Dans le cas de l’Algérie, des velléités de suspension d’immunité parlementaire ont été brandies à l’encontre de certains parlementaires sans que cela n’aboutisse à la levée de cette protection et l’exécutif n’est jamais allé au fond de sa logique de poursuite des parlementaires, entravant ainsi le pouvoir judiciaire d’appliquer aux représentants du peuple, les rigueurs des textes qu’ils votent.

  • Les solutions
  • a- à moyen terme :
  • Mettre en synergie les structures de contrôle ;
  • Déterminer la pertinence des différentes structures de contrôle ;
  • Systématiser les contrôles internes et externes ;
  • Multiplier les pôles économiques ;
  • Faire une déclaration de leurs biens par tous les cadres nommés par un décret et par arrêtés, par les élus locaux, régionaux et nationaux. Déclaration à mettre périodiquement à jour et à publier dans le journal officiel ;
  • Réduire les dépenses de fonctionnement hors salaires ;
  • Séparer les pouvoirs, au niveau d’interférence, de l’exécutif dans le judiciaire ainsi que le législatif ;
  • Améliorer la grille salariale de la fonction publique ;
  • Accentuer les mesures de lutte contre la fraude dans tous les examens et concours dans les secteurs ;
  • Conscientiser la population à la citoyenneté et à la lutte contre la corruption et la délinquance financière ;
  • Auditer les comptes des partis politiques ayant bénéficié des subventions de l’Etat par les structures de contrôle ;
  • Fixer les montants des frais des campagnes électorales à l’occasion des élections municipales, législatives et présidentielles ;
  • Publier et vérifier les comptes des campagnes électorales aux fins de moralisation et de respect de l’éthique ;
  • Introduire l’éducation civique et morale dans les programmes scolaires et universitaires
  • b- à long terme :
  • L’obtention de résultats probants dans la lutte contre la corruption nécessite :
  • Une volonté politique ferme et durable des programmes de vérifications ;
  • Assurer une application rigoureuse et durable de la lutte contre la corruption ;
  • Assurer la transparence de la lutte contre la corruption, plus de transparence dans la passation des marchés publics ;
  • Forte mobilisation de la société et des citoyens pour la lutte contre la corruption.

    Samir

La démocratie et l’économie productive en Algérie : héritage et débats en cours (seconde partie)

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Lire la première partie

III- LA PROBLÉMATIQUE DE LA DOUBLE TRANSITION VERS LA DÉMOCRATIE ET LE MARCHE A LA LUMIÈRE DE L’EXPÉRIENCE ALGÉRIENNE

Des questionnements qui ont structuré notre réflexion puisée au travers de ce qui précède, émergent deux idées principales : la première est relative à la question du contenu des réformes, qui est posée en termes de vitesse des réformes et d’ordre des mesures réformatrices adéquates à initier. La seconde s’intéresse à l’importance des institutions en périodes de transition.

Appliqués au cas de l’Algérie, ces questionnements donnent naissance à deux hypothèses. La première est relative au contenu des réformes initiées. Cette hypothèse largement répandue présume que c’est le mauvais choix du type de réformes (thérapie de choc au lieu du gradualisme) qui expliquerait l’échec de la transition algérienne vers la démocratie et l’économie de marché. La seconde suppose que l’échec de la transition algérienne trouve son origine dans l’absence d’un environnement institutionnel adéquat à l’émergence d’une dynamique d’accumulation indépendante de la rente.

Nous proposons, dans ce qui suit, de vérifier la pertinence des deux hypothèses sus -citées quant à l’explication de l’échec de la transition algérienne. Pour ce faire, nous nous appuyons sur l’histoire de l’Algérie en général et celle de réformes économiques en particulier.

 III.1 Le contenu des réformes initiées

Pour le cas algérien, l’hypothèse tendant à expliquer l’échec de la réforme par le type de transition choisie semble manquer de pertinence. La raison est que l’Algérie avait essayé à la fois le gradualisme et la thérapie de choc ; mais sans résultats probants. Pire, l’Algérie s’est exposée à la fois aux méfaits de l’une et de l’autre : tandis que le gradualisme avait permis aux velléités de retour à l’économie administrée de renaître, la « brutalité » de la thérapie de choc avait conduit à plusieurs dérives, dont la prolifération des monopoles privés notamment dans le commerce extérieur, le bradage de plusieurs entreprises publiques et la dégradation de la situation sociale de la population, sans pour autant relancer l’offre locale. Plusieurs éléments confirment les constats ci-dessus.

Rappelons qu’au début des années 1990, les réformateurs avaient refusé de rééchelonner la dette extérieure par crainte de subir les contraintes du plan d’ajustement. Ils choisirent une transition graduelle à deux étapes : la première était consacrée à la mise en place de l’arsenal juridique permettant la séparation des sphères politique et économique, la seconde avait pour objectif de transformer les structures de l’économie planifiée en économie de marché. Les réformateurs n’avaient pas négligé non plus le rôle des institutions dans la transition vers le marché. Ils associaient aux réformes économiques des réformes politiques instaurant la séparation des pouvoirs et la mise en place d’institutions de marché à tous les niveaux : une Banque Centrale indépendante, la réhabilitation des chambres du commerce et de l’industrie, l’organisation des élections municipales et législatives sans fraude électorale…

En ce sens, nous pouvons conclure que la démarche des réformateurs est dans son contenu louable, si ce n’est que ses concepteurs avaient sous-estimé les velléités de retour à l’économie administrée, notamment au sein de l’Armée Algérienne, le plus puissant acteur du champ politique algérien. Le gradualisme des réformateurs avait laissé donc une marge de manœuvre importante à leurs adversaires au sein de l’appareil de l’État. À ce propos, il est significatif de constater que durant les derniers mois de son exercice, le gouvernement de M. Hamrouche avait compris son « erreur » et a tenté d’accélérer le processus de réformes. Cependant ce « réveil » est intervenu tardivement, le gouvernement réformateur tomba 23 mois après son installation et son programme fut remis en cause.

Par ailleurs, l’analyse de l’histoire récente de l’économie algérienne indique que l’échec du Plan d’Ajustement Structurel en Algérie provient moins du contenu des réformes que le FMI préconisait, que de la manière dont elles ont été mises en œuvre par le gouvernement. S’il est vrai que la thérapie de choc n’avait pas pris en considération ni le facteur temps, ni celui de l’ordre dans la mise en place des réformes, et encore moins celui des changements institutionnels préalables[1], il n’en demeure pas moins que le gouvernement algérien n’avait appliqué que partiellement et non sans dérives, les recommandations du FMI et du Plan d’Ajustement Structurel. Des trois piliers du P.A.S (stabilisation, libéralisation et privatisation), le gouvernement ne s’est concrètement focalisé que sur les mesures visant la stabilisation des finances publiques, le reste du programme étant laissé en « veilleuse ». Pour tromper les Institutions Internationales, la « ruse » du gouvernement algérien consistait à voter des lois et à ne pas les appliquer en prétextant que la situation sécuritaire du pays n’était pas favorable au changement.

Une analyse rétrospective des quatre années de mise en œuvre du P.A.S permet en effet de comprendre que le souci des autorités algériennes était plus l’amélioration des finances publiques que la réforme économique proprement dite. En effet, mis à part quelques privatisations des entreprises publiques ayant de forts potentiels de développement, telles que les infrastructures touristiques, le gouvernement s’est penché uniquement sur la stabilisation des équilibres macro-économiques par la manipulation des seules variables monétaires[2].

Pour rééquilibrer les comptes macro-financiers de l’État, et neutraliser les effets du déficit des entreprises publiques que l’on refusa de privatiser pour des raisons politiques, le gouvernement s’appuya sur le discours du FMI et procéda à la compression maximale de la demande locale par la dévaluation du Dinar Algérien.

Pour que la dévaluation en Algérie ait une chance de produire ses effets économiques, il aurait fallu que le gouvernement engage les réformes structurelles dites de deuxième génération, à savoir la libéralisation des marchés et la privatisation des entreprises publiques déficitaires et la soumission de l’ensemble des activités économiques aux lois du marché. Parallèlement, le gouvernement pouvait profiter de la stabilisation macroéconomique réalisée et de l’amélioration des prix des hydrocarbures à partir de 1998 pour lancer une politique d’encouragement de l’offre locale et des exportations hors hydrocarbures.

A ce stade de réflexion, il y a lieu de s’interroger sur les raisons ayant poussé le gouvernement à abandonner la politique de réformes structurelles dès que les prix des hydrocarbures commençaient à augmenter à partir de 1998.

L’analyse des contradictions caractérisant les pratiques de l’État algérien, durant les deux importantes expériences de transition initiées au début des années 1990 et au milieu de la même décennie, indiquent clairement que l’hypothèse liant l’échec des réformes économiques en Algérie au type de transition adopté est faible pour ne pas dire non pertinente.

III.2 La transition algérienne et la problématique de l’environnement institutionnel

Le concept des institutions, tout comme celui du changement ou du blocage institutionnel, est différemment appréhendé par la littérature consacrée à ces questions. La raison en est qu’il y a presque autant de définitions que d’auteurs se réclamant des différents courants institutionnalistes ou de la théorie de la régulation[3]. Loin d’être un handicap, cette multiplication de définitions nous paraît enrichissante à plus d’un titre : elle permet une avancée considérable en termes de prise en compte d’aspects jusque-là négligés à l’exemple des institutions informelles, et elle assure le développement des approches pluridisciplinaires en sciences sociales, car la question des institutions et de leur rôle favorisant (ou défavorisant) les réformes nécessite la mobilisation de plusieurs disciplines telles que l’économie politique, la sociologie, les sciences politiques, etc.

En toute évidence, il n’est pas dans notre intention de présenter les multiples définitions et nuances qui émergent des travaux de recherche consacrés à la thématique des institutions et de leur influence sur la réussite ou le blocage des réformes visant le changement du mode de production ou de régime d’accumulation. Ceci dépasserait le cadre de notre étude. En revanche, un bref rappel des thèmes récurrents qui traversent le débat sur le rôle des institutions en période de réformes est utile à plus d’un titre.

Dans la littérature se réclamant de l’économie institutionnelle, on distingue entre les institutions formelles et les institutions informelles.

Les institutions formelles peuvent être définies comme un ensemble de règles de jeu inter-liées constituant un système conçu de façon consciente. Elles sont sujettes aux ajustements permanents en fonction des rapports de force entre les différentes forces sociales composant la collectivité. Lesquels rapports s’expriment par le biais de la pression/négociation (grèves, manifestations, etc.) et / ou par les élections. Le tout se déroule dans un cadre institutionnel pacifique régi par des règles de jeu acceptées de tous. C’est le cas des sociétés à système démocratique dans lequel l’alternance au pouvoir est assurée et l’espace public existe.

Quant aux institutions informelles, elles sont le résultat des mutations sociales qui s’expriment de manière implicite à travers les normes sociales et les codes moraux que sécrète la société. Elles résultent de processus historiques longs et sans cesse fluctuants. Elles sont perçues comme des contraintes auxquelles les individus se soumettent pour le bien de tous. D. North, un des auteurs les plus en vue du courant institutionnaliste résume la définition de ces deux types d’institutions comme suit : « Les instituions sont des contraintes établies par les hommes qui structurent les interactions humaines. Elles se composent de contraintes formelles (comme les règles, lois, les constitutions), de contraintes informelles (comme les normes de comportement, des conventions, des codes de conduite auto imposées) et des caractéristiques de leur application ».

Dans ses travaux sur le rôle des institutions, North développe l’idée que plus les institutions (formelles et informelles) sont flexibles, plus elles sont efficaces. Il distingue entre l’efficacité allocutive (une notion chère aux néo-classiques) et l’efficacité adaptative. Pour lui, « la clé de la croissance à long terme réside dans l’efficacité adaptative plutôt qu’allocutive. Les systèmes politiques/économiques qui ont rencontré le succès, ont développé des structures institutionnelles flexibles qui peuvent survivre aux chocs et aux changements qui font partie d’une évolution réussie »

L’autre idée importante développée par North est celle qui distingue entre organisation et institution, pour lui « si les institutions sont des règles du jeu, les organisations et leurs entrepreneurs, sont des joueurs ». Ce se sont en effet la qualité des règles de jeu qui déterminent le type des joueurs et la manière de jouer. Pour l’auteur, les interactions entre organisations et institutions sont tellement fortes qu’elles conditionnent l’évolution du système dans sa globalité. Il souligne à ce propos que « les organisations qui se constituent vont refléter les opportunités créées par la matrice institutionnelle. Si le cadre institutionnel récompense la piraterie, des organisations pirates seront créées ; s’il récompense les activités productives, des organisations – des firmes- seront créées afin de s’engager dans des activités productives »[4].L’auteur, à travers ces lignes, suggère que c’est la matrice institutionnelle qui conditionne la nature du système.

Le rôle des institutions en période de réformes peut être analysé en termes d’arrangements institutionnels et organisationnels optimaux permettant de réformer. Ces derniers se définissent à partir des comportements des agents pouvant être partisans ou opposants aux réformes. Les agents permettant l’application et l’avancement d’une réforme ou le contraire son ralentissement ou son blocage ne sont rien d’autre que les différents acteurs de l’espace public, qu’ils soient décideurs ou non, pouvant par leurs comportements hérités ou induits, favoriser ou rendre difficile la réforme[5].

Cependant, il y a lieu de remarquer que la problématique de l’évolution des arrangements institutionnels -institutions formelles et informelles confondues- vers « l’optimum » est étroitement liée à la question de la démocratie et de la bonne gouvernance[6]. D’ailleurs, les Institutions Financières Internationales évaluent les relations entre les institutions et le développement économique en fonction de trois types d’indicateurs étroitement liés : la qualité de la gouvernance, le niveau de la protection de la propriété privée et enfin, les limites de l’arbitraire du pouvoir exécutif. La bonne gouvernance est associée au degré de démocratie dans le choix des dirigeants, la stabilité politique, la sécurité juridique supposant l’indépendance de la justice et enfin l’absence de corruption.

Poser la problématique de la nature des obstacles devant les réformes économiques en Algérie suppose que l’on détermine la part des deux formes institutionnelles citées plus haut dans l’échec des différentes expériences de transition initiées durant ces dernières décennies. À ce propos, une double interrogation s’impose. L’échec des réformes économiques en Algérie est-il dû aux résistances sociales au changement comme l’affirment certains experts, ou résulte-t-il de l’incapacité des institutions formelles existantes, pour des raisons qu’il conviendra de chercher, à mener à terme une transition vers la démocratie et le marché ?

Pour répondre à ces questions, nous nous fondons sur les caractéristiques de la matrice institutionnelle en Algérie, en fonction des enseignements que livre l’expérience réformiste algérienne de ces trois dernières décennies.

III.3. Les résistances sociales aux réformes en Algérie

L’explication de l’échec des réformes en Algérie par la résistance de la société au changement qu’implique la libéralisation politique et économique de la société est de plus en plus avancée ces dernières années, notamment par le discours officiel. Plusieurs déclarations de responsables algériens en poste, à leur tête le président A. Bouteflika lui-même, attribuent le non fonctionnement de l’économie nationale selon les règles du marché aux « archaïsmes » de la société. Selon cette thèse, les décennies passées sous le système de planification ont fait perdre aux agents économiques la culture d’entreprendre tout en inculquant à la société une culture d’assistanat. La filiation entre ce discours et les assertions expliquant le sous-développement par les résistances culturelles au changement est évidente.

A l’instar de l’hypothèse expliquant l’échec des réformes en Algérie par le type de transition adoptée, celle qui attribue cet échec à l’hostilité de la société aux réformes politiques et aux lois du marché ne résiste pas à l’examen des faits. À ce propos, rappelons que lors de l’analyse des deux expériences algériennes de transition (1989/1994) et (1994/1998), montrent que malgré leur existence, les oppositions aux réformes n’avaient pas atteint l’ampleur suffisante pour bloquer, et encore moins remettre en cause, les processus réformistes engagés par l’État. En effet, l’histoire algérienne des années 1990 ne relève l’existence d’aucun mouvement social conduit par un parti politique ou un syndicat, inscrit implicitement ou explicitement contre les projets de réformes initiés par les pouvoirs publics.

Cependant, il faut convenir que cette absence d’opposition claire ne signifie pas l’adhésion totale de la société aux réformes. À l’évidence, l’hostilité de pans entiers de la société au marché existe, mais elle ne l’était ni pour des raisons culturelles, ni suffisamment importante et organisée au point de pouvoir faire avorter les projets de réformes engagés[7].

Mais cette hostilité que l’on a qualifié de rationnelle, voire même de légitime, est restée passive et au stade des consciences dans le sens où elle ne s’est pas cristallisée dans un mouvement d’opposition franchement hostile aux réformes. À ce propos, il y a lieu de faire remarquer qu’en Algérie, l’état des rapports de force entre la société civile et l’État ne permettait pas à la première de faire avorter les projets du second. En effet, la situation sécuritaire prévalant à l’époque et le caractère foncièrement autoritaire de l’État était suffisamment dissuasifs pour empêcher toute opposition aux « réformes »que l’État « voulait » mettre en œuvre. Ceci pour souligner que l’hypothèse voulant responsabiliser la société de l’échec de la transition algérienne vers le marché est faible pour ne pas dire erronée.

III.3. Dédoublement des structures du pouvoir et la faiblesse des institutions de l’État

Expliquer l’échec de l’expérience algérienne par l’absence d’un environnement institutionnel adéquat au passage vers l’État de droit et l’économie de marché suppose la recherche des éventuelles incompatibilités entre la nature de l’État algérien, ou du régime politique qui l’a investi, avec les lois de l’économie et de la science politique et les conséquences des changements systémiques qu’implique une transition visant la soumission du champ économique à la régulation par le marché.

Ainsi posée, cette problématique exige une analyse à deux dimensions : la première est relative à la nature des institutions de l’État algérien, la seconde concerne le (ou les) facteur (s) à l’origine de leurs (éventuelles) incompatibilités avec un projet de réformes

Économiques pour le passage vers l’économie de marché.

III.3.1. Populisme et émergence de l’État national.

L’État algérien est le fruit d’une idéologie populiste née durant le mouvement national en réponse à l’ordre colonial. Celle-ci est l’expression du désir de réaliser l’autonomie de la collectivité politique à travers la lutte contre la colonisation. À l’image de la plupart des idéologies de combat contre la présence étrangère, le mouvement national algérien concevait l’unité du corps social comme une nécessité historique. Les divisions sociales sont perçues comme une faille susceptible d’être exploitées par l’ennemi pour avorter le projet de libération. C’est pourquoi cette idéologie souhaitait l’unification du corps social et œuvrait concrètement à sa réalisation en évacuant de son programme toutes les questions sur lesquelles divergent les différents courants qui traversaient la société, telle que la question du projet économique d’avenir, la place de la religion, celle de la femme dans la société, celle des langues populaires, etc. Suite à ce processus, il ne restait à l’idéologie du mouvement national, durant la phase finale de sa lutte anticoloniale, qu’un seul mot d’ordre : l’indépendance par la lutte armée. Un projet incarné exclusivement par le FLN.

Le FLN a certes réussi à rendre efficace la quête de la société algérienne de la liberté à travers l’indépendance, mais il a profondément appauvri l’idéologie du mouvement national. La tentative du « congrès de la Soummam » ayant échoué, le FLN rata sa dernière chance d’évoluer en un parti politique moderne.  En effet, au fur et à mesure que la lutte armée s’intensifiait, le FLN se mua progressivement en une machine de guerre. Conséquence : l’idéologie du mouvement national se radicalisa mais surtout se militarisa. Elle radicalisa son discours et fonctionna comme un embryon d’État. Elle s’érigea en direction de la société, conçue comme une entité transcendant les luttes entre partis, groupements d’intérêts et classes sociales ; une sorte de société idéale guidée par un État nourricier « imaginé » comme l’exact contraire de l’État colonial. Ce populisme qui a imprégné l’idéologie du mouvement national a survécu à l’indépendance en se muant en idéologie étatiste. Au nom de la « légitimité historique », le régime politique s’est donné pour mission de construire l’État et de moderniser la société.

Un groupe politique s’est structuré en parti unique, monopolisa le champ politique et encastra le champ économique : voilà la situation à laquelle fut confrontée l’Algérie au lendemain de son indépendance et qui perdure jusqu’à aujourd’hui.

La notion de privatisation de l’État ou sa patrimonialisation renvoie à une situation historique où un groupe d’individus investit l’État, monopolise le champ politique en se posant comme seul légitime pour représenter « la communauté ». L’État devient un patrimoine semi-privé au service d’un pouvoir dont l’action politique et économique n’aura d’autres objectifs que de durer quel qu’en soit le prix. Les ressources économiques, dans ce cas de figure, deviennent un élément essentiel dans la compétition politique. Elles servent à conserver le pouvoir et à écarter les adversaires. Cette définition s’applique parfaitement au cas algérien.

III.3.2 Le rôle de l’armée dans le système de pouvoir de l’Algérie indépendante.

Durant la phase finale de la guerre de libération, les organes dirigeants du FLN/ALN ont été investis par les militaires, notamment depuis la réunion du CNRA d’août 1957. Toutefois, la mainmise totale de l’armée sur les centres de commande n’eut lieu véritablement qu’après son triomphe durant la crise de l’été 1962.

Jouissant du prestige que lui a conféré la « libération » du pays, mais surtout pour avoir gagné la bataille décisive pour le contrôle du pouvoir en 1962, l’armée se considère comme la seule institution légitime. Elle est l’unique source du pouvoir qu’elle délègue à une élite civile qui se charge des fonctions administratives et économiques. Ce schéma organisationnel provoqua un dédoublement de la structure du pouvoir – un pouvoir informel détenteur réel de l’autorité et un pouvoir formel nichant dans les institutions mais sans autorité réelle – qui devient une caractéristique fondamentale du système politique algérien.

À ce niveau de réflexion, il est important de souligner que l’armée ne tire pas sa « légitimité » uniquement du fait de son rôle historique pendant la guerre de libération. Elle la doit aussi au rôle des membres de la hiérarchie militaire, qui se sont imposés comme acteurs hégémoniques du champ politique en agissant comme des groupes de pression sur l’administration et les institutions.

Dans cette lutte permanente pour la domination, ces groupes de pression utilisent les institutions de l’État et les richesses de la nation pour faire face à toute velléité de contestation de la société. C’est cela qui explique l’échec de toutes les entreprises de réforme entamées jusque-là. À ce propos, rappelons brièvement trois faits significatifs.

Le premier est relatif à l’arrêt brutal des réformes engagées par le gouvernement de M. Hamrouche en 1991. Ce dernier avait accepté de prendre la responsabilité de gérer une crise politique et économique profonde au moment où les caisses de l’État étaient pratiquement vides. Il mit en œuvre une double transition vers la démocratie et le marché dans une période extrêmement difficile. Mais, dès qu’il entama les réformes structurelles visant l’assèchement des rentes et des situations rentières, il a été démis de ses fonctions et son programme fut remis en cause.

Le second fait historique est l’abandon des réformes structurelles du P.A.S, dès que les prix des hydrocarbures sont remontés à partir de 1998. Enfin, on assiste, à partir des années 2000, à la remise en cause du principe même de la réforme. Ainsi, l’opulence financière de l’État a ravivé chez les dirigeants l’illusion d’une possible gestion administrée de l’économie et de la société. Ils procédèrent à la centralisation de la décision politique e et économique, remettent en cause l’autonomie de la Banque d’Algérie, et marquèrent un retour vers le « développement » par les plans étatiques financés par le Trésor public, alimenté par la fiscalité pétrolière.

L’analyse de l’Histoire économique de l’Algérie permet de déduire que l’État « réforme » non pas par conviction politique mais en fonction de sa situation financière. En période de crise, l’État entame les réformes, mais dès que les prix des hydrocarbures s’améliorent, il se rétracte. En d’autres termes, l’obstacle principal à la transition vers le marché est essentiellement politique, car la perspective objective des réformes économiques dans les conditions historiques de l’Algérie ne pouvait être autre que celle de retracer les frontières entre le politique et l’économique, d’un côté, et entre le privé et le public de l’autre. Mais cela suppose que le régime politique se transforme radicalement et accepte le coût politique des réformes économiques.

  1. Conclusion

L’analyse de l’histoire politico- économique de l’Algérie nous permet de mieux cerner la nature des obstacles aux réformes en Algérie. Cette dernière est foncièrement politique, compte tenu des caractéristiques du système politico-économique en place. Ce système obéit à une logique d’ensemble dont la continuité ne fut remise en cause ni par les multiples changements à la tête de l’État, ni par les différents mouvements de réformes économiques engagés depuis le début des années 1980. Au-delà des revirements spectaculaires que l’on a observés de temps à autre, le système demeure fondamentalement inchangé : l’encastrement du champ économique dans la sphère politique, et l’utilisation des ressources économiques pour le maintien au pouvoir, figurent parmi les constantes qui symbolisent la continuité du système malgré les multiples réaménagements qu’il a connu, notamment ces trois dernières décennies. Cet état de fait résume toute l’ambiguïté du régime politique algérien qui, d’un côté, cherche à annihiler le déficit des entreprises publiques qui stérilise la rente pétrolière et, d’un autre, ne veut pas renoncer à l’utilisation de l’économie à des fins de domination ou de contrôle de la société. Dès lors, la question des réformes en Algérie oscille selon la conjoncture entre un discours politique prônant la réforme et des pratiques politiques et économiques produisant et accentuant les déficits.

De par l’idéologie politique qui l’anime, l’État algérien est obsédé par la confiscation de tous les pouvoirs à la société, aux premiers desquels il y a le pouvoir économique. Les nationalisations du temps de la planification centralisée et le contrôle étatique d’accès au marché après les « réformes », sont inscrits dans cette perspective. En ce sens, la rente permet au régime de ne pas dépendre de l’impôt, donc d’une économie productive. Ce faisant, il empêche l’émergence de couches sociales productives et entreprenantes en favorisant celles qui se reproduisent par la captation de la rente.

Cependant, il est fort à parier que cette situation de blocage manifeste dans laquelle vit et évolue la société algérienne ne va pas se perpétuer. Cette assertion est justifiée par au moins quatre facteurs, pouvant agir mutuellement ou indépendamment :

Le premier est que l’État algérien est dans l’incapacité de trouver l’artifice idéologique qui lui permettra d’asseoir sa légitimité. Après l’épuisement de la légitimité historique, et celle de la lutte contre le terrorisme, il ne lui reste plus que celle de développer le pays, à défaut de quoi la société le disqualifiera à la première occasion qui se présentera (crise politique, baisse brutale des prix des hydrocarbures, etc.).

Le second est relatif à la possibilité d’émergence d’un secteur privé autonome. Les brèches ouvertes par la libéralisation partielle en cours, grâce aux réformes économiques qui n’ont pas été remises en cause ou ce qui en reste, peuvent en effet donner naissance à une élite économique issue du secteur privé.  Ayant conscience de cette possibilité, le régime, à travers le FCE, tentent d’avorter toute velléité d’émergence d’un secteur privé autonome. Les difficultés que rencontre le Groupe Cévital et son patron Issad Rebrab sont significatives.

Il y a également lieu de citer la possibilité de pressions pour le changement qui proviendraient des partenaires étrangers. Les pays occidentaux, notamment ceux de l’Union Européenne, pourraient en effet ne plus se satisfaire uniquement du rôle de l’Algérie comme frontière tampon -qui contient les problèmes d’émigration clandestine, de terrorisme, de criminalité internationale, …- et ce au regard du constat que cette politique ne peut juguler ces phénomènes, et qu’il n’y a d’autre alternative à leur résorption que le développement de leurs voisin immédiats.

En outre, on peut voir dans l’émergence de syndicats autonomes de la fonction publique un embryon d’une société civile autonome qui finira, à terme, par imposer l’institutionnalisation du pouvoir et la représentation plurielle de la société.

Aussi, contrairement à ce que laisse supposer certaines analyses, la société algérienne n’est pas insensible aux bouleversements que connaissent plusieurs pays d’Afrique du Nord et du Moyens Orient. La révolution du jasmin en Tunisie, la chute de Mobarek en Égypte, le renversement violent du régime libyen, la résistance armée pour le changement en Syrie … sont autant d’événements qui montrent on ne peut plus clair que l’aspiration pour le changement et le développement est une réalité sociologique incontournable pour les peuples de cette région. De toute évidence, la société algérienne ne peut rester indéfiniment en marge de cette perspective historique. Pour de multiples raisons en lien notamment avec son Histoire récente, la voie privilégiée est celle de l’observation, mais la revendication du changement radicale se fera entendre d’une façon de plus en plus insistante dans un futur proche.

Enfin, la chute durable est importante des prix des hydrocarbures, qui se produit depuis 2014 peut être aussi un facteur qui infléchirai le rapport de domination entre le régime et la société.

Au terme de cette réflexion, il nous semble opportun de rappeler, les propos combien significatifs de Blandine Barret-Kriegel, lorsqu’elle affirme qu’« une société qui ne s’est pas constituée en société civile et un État qui ne s’est pas transformé en État de droit ne peuvent faire place ni à l’aventure de la réalisation effective de la liberté ni à la formation d’une économie de marché ».  La classe politique et les organisations de la société civile et les autres forces aspirants au changement en Algérie devaient, non seulement méditer ce lien entre les réformes économiques et politiques dans leurs analyses de l’évolution historique du pays, mais elles doivent prendre conscience que seule un rapport de force construit avec les segments autonomes de la société est susceptible de contraindre le régime en place à l’acceptation dans transition démocratique dans le pays.

Mourad Ouchichi

[1] Comme le souligne fort bien les gradualistes dans leurs critiques du modèle standard de la transition.

[2] Une comparaison entre la manière dont ont été menées les privatisations en Algérie avec celle observée en      Russie au temps de B. Eltsine est prometteuse.

[3] Pour plus de détails sur les enseignements de l’école de la régulation appliquée à l’économie algérienne, nous recommandons particulièrement la lecture de la thèse de Doctorat de S. Bellal, intitulée La crise du régime d’accumulation en Algérie : une approche par la régulation, soutenue à l’ENPS, Alger 2010.

[4] Les citations de D.North contenues dans ces paragraphes sont rapportées par B. Chavance, L’Economie institutionnelle, La Découverte, Paris 2007.pp.65.68.

[5] Les comportements hérités de la période d’avant les réformes (une sorte d’habitus). Les comportements induits sont des réactions ex-post produites par les pertes d’acquis provoquées par la réforme.

[6] Dans les systèmes politiques non démocratiques les institutions sont figées et elles ne changent qu’a coups de révolutions et de contre révolutions.

[7] Il convient de souligner que les oppositions dont il s’agit ici se limitent à celles des acteurs non étatiques, travailleurs, syndicats, partis d’opposition, etc.

 

Les Perroquets de la place d’Arezzo – Éric-Emmanuel Schimtt

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Compte-rendu du dernier livre d’Éric-Emmanuel Schimtt

Voici une curiosité dans l‘œuvre du grand amateur de musique qu’est Éric-Emmanuel Schmitt…

Des dizaines de perroquets qui bruissent de concert sur une place de Bruxelles – que font-ils là, on le sait au bout de quelques chapitres…

Et autour de la place ses habitants, des plus aisés aux modestes. Qui sont tous reliés par une même partition, une lettre anonyme, qui modifiera la mélodie, belle ou grinçante, de leur destin : « Ce mot simplement pour te signaler que je t’aime ».

Et c’est l’occasion d’une véritable symphonie de leurs sentiments amoureux et de leurs pratiques sexuelles… Tout y est joué, des notes les plus pures aux sons les plus détonants. Mais c’est dirigé avec tact et sans vulgarité. Simplement l’oreille lucide qui veut tout entendre de la complexité de la petite musique de l’humain, et tenter de la comprendre.

Au cours du concert, on peut aussi jeter un œil critique sur les comportements familiaux (incompréhensions, hypocrisie, jalousie, inceste…), sociaux (solitude, obscurantisme, mal-être, hypocrisie, domination…), et politiques (capitalisme, arrivisme…).

 

Par Mireille Liatard 

 

Les militants du Hirak du Rif de retour au tribunal

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Cinq mois après leur condamnation à des peines allant jusqu’à 20 ans de prison, les militants de Hirak, dont Nasser Zefzafi, sont de retour au tribunal de Casablanca pour le procès en appel.

En tout, 53 membres du mouvement avaient été condamnés en juin dernier. Tous avaient été arrêtés entre mai et juin 2017 par la police pour leur participation à des manifestations à Al Hoceima. Entre temps, 11 personnes avaient été graciées par le roi Mohammed VI en août dernier à l’occasion de l’Aïd Al Adha.

« Je jure de ne pas trahir le Hirak, vive la patrie », ont scandé les accusés et des proches lors de la première audience qui s’est déroulée hier.

Interrogé par l’AFP, Mohamed Aït Bennacer, un de leurs avocats, s’est dit « pessimiste » quant à l’issue de ce procès, regrettant « l’absence de signaux positifs » de la part des autorités.

Source : bladi.net

Le premier TGV d’Afrique est inauguré au Maroc

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Nicolas Sarkozy avait posé la première pierre du TGV marocain en 2011. C’est Emmanuel Macron qui monte dans la rame inaugurale du projet de coopération franco-marocaine de ligne à grande vitesse ce jeudi 15/11/2018. En sept ans, 200 kilomètres de ligne nouvelle ont été construits entre Tanger et Kenitra, le premier tronçon d’un projet de LGV plus vaste reliant ensuite Rabat, Casablanca, puis Marrakech et Agadir dans un avenir plus lointain.

D’ici là, le TGV empruntera la ligne classique de Kenitra à Rabat et Casablanca. Le temps de trajet passera à 2 h 10 contre 4 h 45 entre Tanger et la capitale économique du pays. Les entreprises françaises – SNCF, Systra, Colas Rail, Cegelec, Egis Rail et Alstom – ont apporté leur savoir-faire et garanti un transfert de technologie.

Les autorités marocaines avaient rêvé une mise en service en 2015. L’échéance s’est rapidement révélée intenable. D’abord parce que le tracé de la ligne a posé de gros problèmes fonciers. Il a fallu négocier les expropriations à l’amiable et la sécurisation du tracé a pris environ deux ans. Deuxième cause de retard : de nombreuses entreprises étrangères de génie civil, qui avaient remporté les contrats à des prix très bas, ont préféré se retirer plutôt que d’attendre que les terrains se libèrent.

Finalement, les entreprises marocaines ont réalisé les travaux et permis de tenir les coûts fixés à l’origine à près de 2 milliards d’euros. Le financement est assuré pour moitié par la France avec 75 millions d’euros de dons et des prêts de l’Agence française de développement (AFD), un quart par le Maroc et un quart grâce aux prêts de pays amis (Arabie saoudite, Koweït, Émirats arabes unis).

Critiqué au Maroc pour son coût jugé faramineux (2,1 milliards d’euros au lieu des 1,8 milliard annoncés au départ) et pour son retard, le projet aux « meilleurs standards internationaux » est salué par les spécialistes du ferroviaire. Le coût de la LGV est parmi les plus bas au monde, soit environ 8,5 millions d’euros au kilomètre, c’est-à-dire la moitié des coûts moyens européens allant de 15 à 20 millions d’euros par kilomètre.

Amortisseurs parasismiques

Quant au calendrier, ils soulignent qu’aucune ligne à grande vitesse en France n’a vu le jour en sept ans. Au Maroc, il a fallu résoudre un certain nombre de difficultés comme l’approvisionnement en ballast, ces gros cailloux qui tapissent les voies. Plutôt que de l’importer de Norvège, il a fallu créer trois carrières au Maroc. Autre souci, la ligne traverse une zone sismique. Il a donc fallu l’équiper d’amortisseurs parasismiques, de poutres métalliques et de béton, de pieux enfoncés à 70 mètres dans le sol. Des matériels et des techniques méconnus.

Pendant près de dix ans, la SNCF et l’Office national des chemins de fer marocains (ONCF) ont mis en œuvre une organisation « en miroir » pour favoriser le transfert de savoir-faire. Ce dispositif de coopération comprend aussi un institut de formation – coentreprise de la SNCF et de l’ONCF – ouvert à Rabat en 2015. Il forme à la conduite, à la maintenance, aux essais, au marketing, à la réparation des équipements, à la gestion de projets complexes. Chaque année, 5 000 à 6 000 stagiaires (dont environ un tiers de salariés de la SNCF) y sont formés. L’institut permettra au Maroc de poursuivre les projets ferroviaires avec ses propres ouvriers, techniciens et cadres : 1 500 kilomètres de lignes à grande vitesse sont inscrits dans un schéma directeur à horizon 2 030. Par ailleurs, le royaume s’est engagé à améliorer la qualité de son réseau classique : en doublant la ligne Rabat-Marrakech, en triplant les voies entre Kenitra et Casablanca, en réorganisant le noeud ferroviaire de Casablanca.

Les dirigeants de la SNCF espèrent que la gestion de ce projet de LGV de A à Z pourrait convaincre d’autres pays qui ont lancé des appels d’offres, comme la Thaïlande ou la Grande-Bretagne. Jusqu’à présent, seule la Corée a adopté un « système LGV » à la française.

VALÉRIE COLLET

Source : Le Figaro

En Tunisie, la nomination d’un ministre juif provoque des remous

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Né à Djerba mais résidant en France, René Trabelsi est attaqué pour ses liens supposés avec Israël.

Au cœur d’un remaniement polémique et critiqué par le président de la République Béji Caïd Essebsi, René Trabelsi, nouveau ministre du Tourisme, est l’une des personnalités les plus contestées. Lors du vote de confiance organisé lundi soir à l’Assemblée, il a été de ceux qui ont recueilli le plus de voix contre lui (25). Juif, résidant en France et accusé de conflit d’intérêts : les arguments de ses opposants ne manquent pas.

Fils de Pérez Trabelsi, dirigeant de la communauté juive de Djerba, René Trabelsi est une personnalité incontournable de cette région du Sud tunisien. Le quinquagénaire devient le troisième ministre tunisien de confession juive et le premier depuis la fin des années 50 alors que la communauté juive, estimée à 2 000 Tunisiens, ne cesse de décroître. L’Histoire (création d’Israël, guerre des Six Jours en 1967…) et les problèmes économiques ont poussé les Juifs tunisiens à quitter leur pays. René Trabelsi a d’ailleurs suivi ce chemin puisqu’il s’est installé en France et possède la nationalité française.

J’accuse… »

La religion du nouveau ministre a soulevé certaines indignations. « Le gouvernement actuel est en train de créer des relations avec l’ennemi sioniste », a regretté Ahmed Kahlaoui, président de l’association de soutien à la lutte contre la normalisation et le sionisme. Un recours juridique a été déposé sous prétexte que René Trabelsi détiendrait la nationalité israélienne – ce qu’il dément – et défendrait « l’entité sioniste qui occupe la terre de Palestine et opprime son peuple arabe». Le nouveau ministre est monté au créneau, se fendant d’une tribune au titre hautement symbolique : « J’accuse…». « Je n’aimerais pas que ma judéité soit un motif de rejet, je n’aimerais pas qu’elle soit non plus un motif folklorique de soutien. Soutenir ma nomination uniquement parce que je suis juif serait faire du tort à la Tunisie et me faire du tort. »

Gayda Jeanne Esther Thabet, porteparole de l’association tunisienne de défense des minorités, confirme : « Le débat aurait dû se porter sur son programme plutôt que sur le Livre sacré sur lequel il va prêter serment. Nous notons cependant que notre lutte contre l’exclusion des minoritésporte ses fruits quelques semaines après l’adoption d’une loi criminalisant le racisme. »

Cela n’a pas empêché le député indépendant Yassine Ayari, de s’en prendre au chef du gouvernement Youssef Chahed : « Vous nous ramenez un ministre nul, connu pour son appartenance sioniste. Vous n’avez qu’à changer sur le drapeau tunisien, l’étoile rouge par l’étoile de David. » L’élu a déposé, par ailleurs, un recours juridique pour conflit d’intérêts contre René Trabelsi qui dirige le touropérateur Royal First Travel.Un professionnel du tourisme minimise le problème : « Royal First Travel cible le marché français qui est en pleine reprise [38 % d’augmentation par rapport à 2017, NDLR]. Le chemin est tracé. Le nouveau ministre devra se concentrer sur la reprise en Allemagne, en Italie… » Depuis des mois que le remaniement ministériel se préparait, les acteurs du tourisme tunisien, qui représente 7 % du PIB, demandaient un ministre issu du secteur.

« Pour nous, c’est une nomination très positive dans le sens où il connaît nos problèmes», estime Jalel Henchiri, président de la fédération régionale de l’hôtellerie de Zarzis-Djerba. Le responsable note également l’absence d’affiliation politique de René Trabelsi, en cette période où le président s’oppose à son chef du gouvernement dans un contexte de renversement des alliances. « Tous les secteurs économiques souffrent de la crise politique. Avoir un ministre neutre peut permettre quelques avancées, même si ce n’est que pour un an. » Les élections législatives et présidentielles sont prévues pour 2019.

MARYLINE DUMAS

La source : Le Figaro

Association France-Algérie:Arnaud Montebourg nouveau président

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L’ancien ministre Arnaud Montebourg, qui a des origines algériennes, a succédé à Jean-Pierre Chevènement à la présidence de l’Association France-Algérie (AFA), a-t-on appris ce mercredi de l’association.

L’Association France-Algérie a été fondée le 20 juin 1963, à l’initiative de l’ethnologue française Germaine Tillion et avec le soutien du général de Gaulle, par des personnalités françaises qui voulaient contribuer à l’établissement d’une ère nouvelle des relations entre la France et l’Algérie, qui venait d’accéder à l’Indépendance.

La cérémonie d’installation s’est déroulée mardi à Paris en présence de Belkhir Belhaddad, député de Moselle, Fadila Khattabi, députée et président du Groupe d’amitié France-Algérie à l’Assemblée nationale, Jean-Pierre Chevènement, Edith Cresson, ancien Premier ministre et d’autres personnalités.

« Par ma famille, mais aussi par mon action en faveur de la coopération industrielle franco-algérienne quand j’étais ministre de l’Economie, des liens multiples m’attachent à l’Algérie », a déclaré d’emblée le nouveau président, soulignant qu’il veut maintenir les liens de coopération entre la France et l’Algérie.

« Au moment où les deux rives de la Méditerranée paraissent s’écarter l’une de l’autre, devant les périls du fondamentalisme au Sud, ceux de la xénophobie au Nord, nous voulons maintenir les liens de coopération entre nos deux sociétés », a-t-il expliqué, notant qu’entre les deux pays « il y a tant à faire ».

« Notre Association le poursuivra, continuera à éviter toute ingérence dans les questions politiques, que ce soit en Algérie ou en France », a-t-il ajouté.

Jean-Pierre Chevènement a été désigné à la présidence de cette association en 2011, rappelle-ton.

L’AFA favorise, depuis 2005, la création de filiales locales dans toute la France. Elles sont aujourd’hui au nombre de 6. Elle soutient, en liaison avec les instances algériennes, les projets de toute nature, économiques, culturels et humains qui renforcent la connaissance réciproque des sociétés civiles française et algérienne.

 

Source Journal Le Jeune Indépendant

Le pape François au Maroc en mars prochain (vidéo)

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Le Saint-Siège vient d’officialiser la venue au Maroc du pape François les 30 et 31 mars prochain.

« A l’invitation de Sa Majesté le Roi Mohammed VI et des évêques, Sa Sainteté le pape François se rendra au Maroc, pour un voyage apostolique, du 30 au 31 mars 2019. Il visitera les villes de Rabat et de Casablanca », indique-t-on dans un communiqué.

Grand partisan du dialogue entre les autres religions, le pape a déjà visité plusieurs pays musulmans dans le passé, le dernier datant de l’année dernière en Egypte.

Le roi avait été invité l’année dernière au Saint-Siège à Rome, avait révélé le consul honoraire du Maroc à Bari à un média local. « Nous avons déjà ouvert une voie de communication diplomatique pour inviter sa majesté le roi du Maroc dans les bureaux et l’ambassade du Saint-Siège à Rome. Le Royaume du Maroc est devenu un centre d’excellence en matière de dialogue interculturel et interreligieux », avait-il déclaré.

A noter que le pape Jean-Paul II avait visité le Maroc en 1985.

https://www.youtube.com/watch?time_continue=37&v=xRpINVSaE5Y

Source : bladi.net

Dr Lakhdar Amokrane : « La justice en prison et l’injustice en liberté »

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Lorsqu’on voit tous ces scandales étalés à longueur de colonnes à la «UNE » des journaux, réseaux sociaux et télévisions, et lorsqu’on voit toutes ces « opérations coups de poing» qui sentent le « règlement de compte » contre toutes et tous ceux qui s’opposent au régime actuel, on se demande si réellement il y a une justice dans notre pays, l’Algérie.

Des sentiments où s’entremêlent inquiétudes et espoirs, joie et peine sont ressentis chaque jour par les Algériennes et Algériens, pendant que des opérations anticorruptions sont menées tambour battant par des «officines» sous injonctions diverses qui rendent la situation des plus nauséabondes et des plus difficiles à y voir clair…

Que comprendre des «arrestations hyper médiatisées» des officiers militaires et de leur libération quelques semaines après sans crier gare ?

Quels messages veut-on adresser à l’opinion désabusée par toutes ces «scènes cowboyennes» d’arrestations filmées de journalistes, blogueurs, militants politiques acteurs, footballeurs…. Et de certaines « libérations » au moment où d’autres sont maintenus en mandat de dépôt ?

Qui donne les ordres ? Qui juge ? C’est quoi tout ce Cinéma ?

Comment on est arrivé à ce stade de la dégradation ?

Un vrai cauchemar ! Il s’agit d’un cauchemar sorti tout droit d’un film d’horreur, fomenté et mis en scène par une puissance démentielle aux seules fins de s’accaparer les richesses de l’Algérie.
Est-il possible qu’un peuple qui a combattu et vaincu l’une des plus puissantes forces du monde puisse aujourd’hui subir le diktat d’une poignée d’individus sans foi ni loi ?
Doit-on se taire et laisser ces fossoyeurs faire ?

Le pays est mis à sac, ses richesses naturelles bradées, notre souveraineté piétinée sous les gros sabots de l’aveugle aventurisme. N’y aurait-il pas un sursaut d’orgueil ?
Arrêtons de nous considérer comme un peuple immature. Ce mensonge est trop gros ; la pilule est trop grosse pour pouvoir y être avalée. Le peuple algérien n’est pas dupe ; il est même mature. Si, aujourd’hui, il observe calmement, demain si les choses restent en l’état, il montrera sa colère.

Trop, c’est trop ! Sans aucun état d’âme, et toute honte bue, nos gouvernants actuels sont accusés au grand jour par les médias étrangers (surtout français) de corruption, de blanchiment d’argent, d’achats de biens immobiliers dans des quartiers huppés de la capitale française. Nos ennemis d’hier, devenus par enchantement des protecteurs intéressés des membres « cartés » de la nomenklatura algérienne, et des alliés économiques du pouvoir d’Alger !
Des capitaux sont transférés dans des banques étrangères en toute impunité, sans que la justice algérienne se s’en saisisse. Nos ports et aéroports sont devenus des passoires au vu et au su de tout le monde.
De véritables barons proches du pouvoir sont confortablement installés sur des fortunes colossales d’origines indéterminées. Des signes ostentatoires de richesse agressant chaque jour l’Algérien lambda, comme ces villas somptueuses construites sur le dos du peuple, alors que la misère s’installe à l’intérieur du pays !

Ou est-il ce président de la République ?

Ne peut-il pas se montrer devant le peuple et dire BASTA aux gouvernants actuels ?

Des scandales sans précédent sont le lot du quotidien. Sommes-nous égaux devant la justice algérienne ? Oh que NON !! Nous savons tous, et il n’est un secret pour personne pour dire que seuls les petits poissons sont jetés à la vindicte populaire, les gros requins nagent toujours dans les eaux troubles.
À quoi aura servi la révolution dont nous venons de commémorer le 64e anniversaire ? À quoi aura servi le sacrifice suprême de nos chouhadas ? Nos valeureux martyrs doivent dans ces moments douloureux, du fond de leurs tombes s’y retourner.
Où est-il ce « magistrat suprême » censé lire, dire et faire justice au nom du peuple ? Cloué sur un fauteuil roulant, malheureusement !
Des ministres et hauts commis de l’État, civils et militaires sont accusés de corruption sans que la « justice » ne s’en saisisse. Il serait fastidieux de rappeler les méfaits de ces ministres et « hauts gradés de l’armée » tant ils sont nombreux. Les dernières révélations ne sont que la face cachée de l’iceberg. Un leurre ! Le fruit ne nourrit plus, il pourrit !

Arrêtons ce jeu pervers, et si les choses se prolongent, nous irons à grands pas de l’heure, où nul, quoi que nous fassions, ne pourra extirper le mal qui ronge le pays.
N’ayant plus peur des mots ; celui qui vole son peuple ne peut être qu’un traître de la nation.

D’où viennent-ils ces gouvernants ? Ont-ils oublié les principes de la révolution ?
N’étaient-ils pas juges et condamnaient à la peine de mort ceux qui touchaient à l’argent des cotisations ?

Connaissaient-ils le réseau et les porteuses de valise, des militantes françaises qui franchissaient les frontières de la Belgique, l’Allemagne et l’Italie avec les cotisations relevées des salaires des travailleurs algériens qui étaient soumis aux durs travaux des mines et autres usines. Cet argent qui arrivait toujours à bon port servait la cause nationale.

Le chef d’État, le gouvernement avec ses ministres, walis, cadres dirigeants d’entreprises, les députés et autres sénateurs « issus du peuple », ne sont-ils pas responsables devant le peuple algérien ? Bizarrement, cela fait rappeler ces « colons » qui volaient et confisquaient les terres des Algériens du 2e collège au nom de la république, et ces « Beni Oui-Oui » qui ornaient de leurs beaux burnous les salons du palais CARNOT durant la période coloniale !

Pendant ce temps, et en application du programme de « fakhamatouhou » en matière de promotion de l’état de droit, des prisons civiles (81 aux dernières nouvelles !!) sont construites à travers les quatre coins du pays pour les « petites gens » que sont la grande majorité des Algériens. Est-ce cela l’avenir qu’on prépare aux enfants de ce pays ? Une Algérie de «Prisons» sans justice…

Dr AMOKRANE Lakhdar