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vendredi 29 mars 2024
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Le Qatar claque la porte de l’Opep

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L’émirat va quitter en janvier l’Organisation des pays exportateurs de pétrole. Il est surtout champion du gaz.

L’Opep, le cartel pétrolier essentiellement moyen-oriental, perd l’un de ses membres historiques. Le Qatar, qui a intégré l’Organisation des pays exportateurs de pétrole en 1961, soit un an après sa création, vient d’annoncer qu’il claquait la porte. L’émirat quittera ce cénacle de 15 pays membres, en janvier prochain. L’annonce a été faite lundi matin à Doha par le ministre de l’Énergie, Saad Al-Kaabi. Ce dernier, qui évoque une décision « difficile », a précisé que l’organisation en avait été informée au préalable.

Avec un territoire de 11 586 km2  et seulement 2,7 millions d’habitants, l’émirat est l’un des plus petits membres de l’Opep. Sa production de pétrole est aussi l’une des plus faibles : 600 000 barils/jour l’an dernier sur un total de 32,5 millions de barils pompés par l’ensemble des membres de l’Opep, soit moins de 2 %. Ses réserves de pétrole, réparties sur 8 champs onshore et offshore, sont 10 fois moins importantes que celles de l’Arabie Saoudite (25,24 milliards de barils contre 266,26 milliards pour Riyad). Au sein de l’Opep, son influence est donc limitée.

Embargo saoudien

Le Qatar est en revanche un puissant acteur du marché gazier. En 2017, selon les données de l’Opep, il produisait 163 millions de tonnes équivalent pétrole de gaz naturel, ce qui le plaçait au quatrième rang mondial derrière les États-Unis, la Russie et l’Iran. L’émirat est surtout le premier exportateur mondial de gaz naturel liquéfié (GNL) acheminé par bateau donc plus flexible que la vente par gazoducs. De 77 millions de tonnes par an, sa production doit être portée à 110 millions en 2024. Ce secteur a permis au Qatar de devenir l’un des pays les plus riches au monde et de transformer son économie.

La raison de son départ de l’Opep découle aussi de ses relations tendues avec ses voisins. Et pourtant, le cartel a résisté à la sanglante guerre Iran-Irak et à la rivalité Iran-Arabie. L’Arabie saoudite, poids lourd de l’organisation, impose au petit émirat voisin, depuis juin 2017, un embargo économique et diplomatique. Elle y a entraîné les Émirats Arabes Unis, Bahreïn et l’Égypte. Riyad, qui accuse Doha de financer des groupes terroristes et d’être trop proche de l’Iran, a fermé les liaisons terrestres, maritimes et aériennes. Selon plusieurs observateurs, la position du Qatar au sein de l’Opep devenait, dans ce contexte, difficilement tenable. Mais officiellement, le choix du Qatar n’a rien à voir avec ces tensions politiques. Il découle, selon Saad Al-Kaabi, d’une réflexion sur les moyens de renforcer son profil international et de préparer sa stratégie de long terme, fondée sur le gaz, utilisé pour produire de l’électricité, et sans doute promis à un avenir plus durable que l’or noir.

Avant son départ, le Qatar assistera à la réunion de l’Opep prévue à Vienne les 6 et 7 décembre. L’organisation, qui concentre plus de 40 % de la production de pétrole mondiale, devrait décider avec ses alliés, Russie en tête, de restreindre sa production pour enrayer l’actuelle baisse des cours du baril. En novembre, ils ont connu leur pire dégringolade en quatre ans.

Hayat Gazzane

Source : Le Figaro

Pourquoi Bouteflika peut dire “Tab Jnani mais je reste”

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Dans un entretien au journal El Watan, Louisa Hanoune, secrétaire générale du Parti des Travailleurs (PT) se dit convaincue que la violente lettre adressée aux walis dénonçant des “prédateurs” et des “cellules dormantes” lue par le secrétaire général de la Présidence n’émane pas de Abdelaziz Bouteflika. La lettre, affirme-t-elle, “va dans le sens des orientations du Premier ministre. Elle ne ressemble en aucune manière au style du Président, ni dans le fond ni dans la forme”.

Plus loin dans l’entretien, elle affirme qu’il n’y aura pas, selon elle, de cinquième mandat de Bouteflika. “Comme je l’ai expliqué lors de ma dernière conférence de presse, à mon avis il n’y aura pas de 5e mandat. Il ne s’agit pas là d’une affirmation et encore moins d’un jugement, mais d’une lecture de ce qui se passe sur la scène politique.”

On peut choisir d’attendre deux ou trois mois pour voir si la “lecture” de Louisa Hanoune se vérifie mais ce serait trop facile. Le propos de la SG du parti des travailleurs est en “cohérence” avec l’appel à être reçu en audience par Bouteflika signé avec Zohra Drif et Khalida Toumi en novembre 2015. On met en doute la paternité de Bouteflika sur les politiques menées par le gouvernement sans pour autant aller jusqu’à douter totalement de ses capacités à gouverner.

Louisa Hanoune doute ouvertement d’un cinquième mandat, ce qui est en soi une évolution, mais elle fait étrangement référence à la fameuse déclaration de Bouteflika en 2012 (tab jnana) alors qu’il y a eu par la suite une présidentielle en 2014 et donc un quatrième mandat auquel elle ne s’est pas opposée, bien au contraire.

Comment Louisa, Zohra et Khalida se sont retrouvées “offline”

Les propos de Louisa Hanoune – et donc les positions du PT- traduisent surtout une incapacité -ou un refus – de prendre acte d’une évolution du système politique. Globalement, il s’agissait d’un système où des pôles de pouvoir collaborent, agissent de concert et, éventuellement, se neutralisent. C’était de manière schématique la présidence, l’état-major de l’armée et les services. Ce système des pôles de pouvoir a, d’emblée été attaqué par Bouteflika, qui a proclamé dès son arrivée aux affaires qu’il refusait d’être un “¾ de président”. Et il n’a eu de cesse à oeuvrer à casser ce système.

La première brèche a été le lâchage du général Mohamed Lamari par ses pairs en 2004. Il avait misé sur Ali Benflis entraînant derrière lui une partie du FLN et des journaux et il en a tiré la conclusion en démissionnant sans attendre d’être démis. Mais le vrai verrou a sauté avec la révision constitutionnelle de 2008 qui ouvrait la voie à la présidence à vie. Louisa Hanoune avait d’ailleurs soutenu avec ferveur cet amendement en assurant qu’il ne faut pas “ligoter un candidat qui a fait beaucoup de réalisations” et en assurant que la non-limitation des mandats était “un acquis” qu’il faut restituer.

En réalité, on donnait l’atout majeur à Bouteflika: le temps d’un monarque alors qui occupaient les postes dans les autres pôles étaient à la merci d’un décret de mise à la retraite. Et quand on a le temps – c’est à dire un mandat permanent -, on se donne le moyen d’attendre et de saisir les opportunités pour en finir avec cette organisation du pouvoir et en finir avec le ¾ de président.

Les historiens retiendront probablement la révision de 2008 et les impacts politiques de l’attaque de Tiguentourine en janvier 2013 comme des moments clés de cette mutation monarchique. Le 8 mai 2012 à Sétif, il annonçait que “l’heure de la retraite a sonné pour les anciens ne pouvant plus gérer les affaires du pays”. Et à ceux qui dans la salle scandaient, déjà, “Ouhda Rabia” (4ème mandat), il répliquait par un “3ach man 3ref kadro (longue vie à celui qui connaît ses limites). Et il y a bien eu un 4ème mandat avec, une fois de plus, Ali Benflis comme candidat-lièvre. Entre mai 2012 et l’élection présidentielle de 2014, il y a eu Tiguentourine et les changements à la tête des services et de l’armée. La configuration du système a changé et Bouteflika se retrouve avec un pouvoir quasi-absolu alors même que son état de santé déclinait.

Ces changements internes au régime couplés à la maladie de Bouteflika qui restreint considérablement ses contacts ont fait que Louisa Hanoune, Zohra Drif et Khalida Toumi et d’autres se sont retrouvés “offline” et réduits à demander audience dans une lettre publique. Il n’existe plus de contrepoids au sein du régime pour s’opposer à un cinquième mandat. Deux généraux à la retraite se sont exprimés sur le sujet avec des mots de bons sens mais aucune voix discordante n’est sortie de la part de ceux qui sont dans l’organigramme du régime.

Ghoul plus zélé que Ould Abbès

La dissolution des structures du FLN et la convocation d’un congrès extraordinaire crée les conditions pour un renouvellement de l’allégeance à Bouteflika. Il est remarquable qu’aucune voix ne se soit insurgée à propos de la manière brutale – et contraire aux statuts – avec laquelle le FLN est traité.

La lettre aux walis est effectivement d’une tonalité inhabituelle par sa virulence mais il est hautement improbable qu’elle ait été rédigée – et lue – sans l’aval du président Bouteflika. Cette lettre est en réalité une sommation au personnel du système de ne pas douter qu’il va “continuer” à diriger le pays. Ils ne doivent pas tenir le bâton par le milieu. S’y ajoute la paranoïa habituelle du pouvoir de désigner des ennemis, des “cellules dormantes” qui chercheraient à semer les troubles et à faire plonger le pays dans les violences.

Et c’est Amar Ghoul, sur un mode encore plus zélé que Djamel Ould Abbès, qui a fait l’explication du “texte” au walis en désignant d’anciens responsables “civils et militaires” comme les ennemis. Amar Ghoul, qui faisait partie des happy few qui jouaient au football avec l’ex-chef du DRS, le général Toufik, donne ainsi le “la” en le désignant implicitement comme le semeur de doutes. Ghoul incarne, jusqu’au grotesque, l’évolution d’un système où un personnel tenu ne fait même plus semblant de faire de la politique. Feu M’hamed Yazid parlait déjà de son vivant de “mokhazni” du régime…

Mohamed Saadoune

Source : huffpostmaghreb.com

Hachemi Naït Djoudi, l’infatigable militant

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Il y a 17 ans, le 29 novembre 2001, disparaissait notre camarade Hachemi Nait Djoudi, ancien Secrétaire général du FFS. Elhachimi était parmi ceux qui avaient rejoint le FFS dans les moments difficiles de la clandestinité, durant les années 1970. Il était aussi parmi ceux qui ont, inlassablement, lutté pour structurer le FFS aussi bien avant qu’après 1988 et à traduire dans l’action ses idéaux démocratiques. Il n’hésita à aucun moment à mettre en avant sa personne et à prendre tous les risques face aux menaces et aux difficultés qu’imposait le militantisme de l’époque. Son rôle fut déterminant dans la relance des activités du FFS au lendemain du 5 octobre 1988 et pour monter le dossier de légalisation de notre parti.

Entier dans ses engagements, il avait à maintes reprises manifesté son mécontentement au sujet du fonctionnement organique et des orientations politiques du parti. Il avait été jusqu’à prendre l’initiative, en 1990, de publier un Manifeste des militants du FFS et à rentrer en opposition frontale avec la direction de l’époque et à se retirer de toute responsabilité. Cette décision que je lui avais dit « improductive » pour le FFS marquera une rupture définitive avec les instances du parti.

Dans sa « solitude du coureur de fond » et meurtri par son éloignement du FFS, il avait fini par accepter sa nomination comme Ministre dans le gouvernement de Mohamed Boudiaf. Ce passage au sein du pouvoir ne dura que 4 ou 5 mois et il fut mis fin à ses fonctions dès le lendemain de l’assassinat du Président Boudiaf.

Militant actif de la revendication berbère et des droits de l’Homme, Hachemi Nait Djoudi qui fut membre fondateur de la Ligue Algérienne de Défense des Droits de l’Homme (LADDH) a été arrêté et connu la prison durant plusieurs mois, alors qu’il avait déjà été victime d’un grave accident cardiaque.

Docteur en médecine, diplômé de la Faculté de Médecine de Paris, Nait Djoudi a exercé dans les Hôpitaux de Paris avant de venir exercer en Algérie où il eut à subir de nombreuses entraves pour être affecté en milieu hospitalier.

Gravement affaibli par une cardiopathie, durant un séjour en France, Hachemi Nait Djoudi s’est éteint à l’Hôpital de la Salpêtrière à Paris, le 29 novembre 2001. Il fut enterré quelques jours plus tard dans son village natal de Kabylie. Paix à son âme.

Mohamed Lahlou

FSA : « Mohamed Ben Salman n’est pas le bienvenu en Algérie »

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LONDON, ENGLAND - MARCH 07: Saudi Crown Prince Mohammed bin Salman arrives for a meeting with British Prime Minister Theresa May (not pictured) in number 10 Downing Street on March 7, 2018 in London, England. Saudi Crown Prince Mohammed bin Salman has made wide-ranging changes at home supporting a more liberal Islam. Whilst visiting the UK he will meet with several members of the Royal family and the Prime Minister. (Photo by Leon Neal/Getty Images)

Le régime wahhabite saoudien qui ne respecte ni les droits de l’homme et encore moins les droits de la femme, un régime qui muselle la presse, la liberté d’expression qui exécute chaque année des centaines de prisonniers qui pratique la flagellation pour de nombreuses infractions, ce régime totalitaire qui a déclaré une horrible guerre à son voisin le Yémen où meurent quotidiennement des dizaines d’enfants, de vieillards, d’hommes et de femmes, ce royaume tenu par une main de fer par Mohamed ben Salman.

C’est sous le règne de ce prince héritier que le Yémen est bombardé quotidiennement et que le journaliste Jamal Khashoggi est assassiné au consulat saoudien en Turquie. C’est la visite de ce dernier en Algérie programmée pour aujourd’hui dimanche et demain, lundi qui a fait réagir le Forum Social Algérien (FSA) qui a dénoncé dans la déclaration ci-dessous la venue de ce prince sur la terre qui était la Mecque des révolutionnaires.

La rédaction 

 

Texte de la déclaration

MBS n’est pas le bienvenu en Algérie 

« Le prince héritier Mohammad ben Salmane se présente comme un  » réformateur « , mais ses promesses sonnent creux alors que la répression se durcit contre les voix dissidentes dans le royaume et en dehors allant jusqu’à l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi ».

Depuis l’arrivée au pouvoir du prince héritier Mohammed ben Salmane, de nombreux militants de renom ont été arrêtés ou condamnés à de longues peines d’emprisonnement uniquement pour avoir exercé pacifiquement leurs droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion. Les autorités prennent pour cible la communauté des défenseurs des droits humains, petite, mais active, et elles utilisent les lois antiterroristes et contre la cybercriminalité pour réprimer ses activités pacifiques qui visent à dénoncer et à combattre les violations des droits humains.

En début d’année, plusieurs défenseurs des droits des femmes de premier plan ont été arrêtés dans le cadre de la répression persistante exercée par les autorités saoudiennes contre la communauté des défenseurs des droits humains. Loujain al Hathloul, Iman al Nafjan et Aziza al Yousef sont toutes les trois détenues de façon arbitraire sans inculpation depuis le mois de mai. À la suite de leur arrestation, le gouvernement a lancé une campagne de dénigrement visant à les discréditer en les qualifiant de « traitres ». Elles risquent d’être jugées par un tribunal antiterroriste et condamnées à de lourdes peines d’emprisonnement.

L’Arabie saoudite fait systématiquement partie des pays du monde qui procèdent au plus grand nombre d’exécutions. Des dizaines de personnes sont mises à mort chaque année, bien souvent par décapitation en public. Nous considérons que la peine capitale bafoue le droit à la vie et constitue le châtiment le plus cruel, le plus inhumain et le plus dégradant qui soit. De plus, alors qu’il n’a jamais été prouvé où que ce soit dans le monde que la peine capitale ait un effet dissuasif sur la criminalité, l’Arabie saoudite continue de condamner à mort des personnes et de les exécuter à l’issue de procès d’une flagrante iniquité. Depuis le début de l’année, l’Arabie saoudite a exécuté 108 personnes, près de la moitié d’entre elles pour des infractions liées aux stupéfiants.

Les tribunaux saoudiens continuent de prononcer des peines de flagellation pour de nombreuses infractions, souvent à l’issue de procès iniques. Raif Badawi a été condamné à 1 000 coups de fouet et à 10 ans d’emprisonnement uniquement parce qu’il tenait un blog. Certaines infractions sont punies d’une peine d’amputation ou d’amputation croisée, qui constituent toujours des actes de torture.

Les femmes et les jeunes filles sont en butte à une discrimination profondément enracinée en Arabie saoudite et sont juridiquement subordonnées aux hommes en ce qui concerne le mariage, le divorce, la garde des enfants et l’héritage, entre autres. Du fait du système de tutelle, une femme ne peut pas prendre de décisions : un homme de la famille décide de tout à sa place.

Les autorités saoudiennes prennent des sanctions, y compris par le biais des tribunaux, contre les militants pacifiques et les proches de victimes ou les victimes qui contactent des organisations indépendantes de défense des droits humains, comme Amnesty International, ou des diplomates et des journalistes étrangers.

Jamal Khashoggi s’est exilé en septembre 2017, alors qu’une vague d’arrestations déferlait sur les défenseurs des droits humains, les dignitaires religieux, les économistes, les blogueurs, et quasiment toute personne osant critiquer le pouvoir en place. S’il est renvoyé en Arabie saoudite, il sera en danger étant donné les procès manifestement iniques qui débouchent sur de lourdes peines d’emprisonnement ou la peine capitale.

Tout dissident est pris pour cible hors des frontières de l’Arabie saoudite. En mai 2017, le défenseur des droits humains Mohammed Al Otaibi a été arrêté à l’aéroport de Doha alors qu’il était en route pour la Norvège, qui lui avait accordé le statut de réfugié, et les autorités qatariennes l’ont expulsé vers l’Arabie saoudite. En janvier 2018, il a été condamné par le Tribunal pénal spécial à Riyadh à 14 ans de prison à la suite d’un procès profondément injuste.

La mort de Jamal Khashoggi à l’intérieur du consulat saoudien à Istanbul résulte d’un « meurtre sauvage ». Or, le meurtre de ce journaliste n’est que le dernier exemple en date d’une longue série de violations alourdissant le triste bilan du royaume en matière de droits humains.

« Le message adressé aux dissidents et détracteurs pacifiques est glaçant : ils ne sont pas en sécurité, même à l’étranger, et lorsqu’elles en ont la possibilité, les autorités s’en prennent à eux, un à un.

La communauté internationale doit rompre son silence assourdissant face à la répression de la liberté d’expression en Arabie saoudite et réclamer aux autorités saoudiennes des comptes immédiats sur l’assassinat de Jamal Khashoggi et prendre des sanctions pour montrer que personne n’est au-dessus de la loi même si on est prince, roi ou président. La justice internationale doit trancher et tous les pays du monde doivent trancher et dire non à la visite d’un dictateur criminel. Aucun peuple ne peut accepter de dresser le tapis rouge à un assassin et dictateur. Les manquements aux droits humains en Arabie saoudite font partie du système de gouvernance du pays. C’est ce système prédateur et barbare ainsi que ses ramifications dans les centaines de mouvements intégristes à travers le Monde qui sont à dénoncer. Nous savons ce que cela veut dire, nous qui avons vécu les atrocités de la décennie noire. Le génocide en cours au Yémen, les centaines d’enfants tués par les bombardements de l’aviation saoudienne mérite de notre part plus de compassion au nom du droit humain le plus élémentaire, le droit à la vie.

La littérature algérienne proclame : « la fatalité serait la reine des saloperies si elle ne cachait pas son jeu, le monde ne vaudrait le coup s’il ne le rendait pas ».

Nous proclamons à notre tour, loin de la sinistrose et du catastrophisme ambiant que, l’Algérie, pays hôte et refuge de révolutionnaires des causes justes tel que Patrice Lumumba, Yasser Arafat et Nelson Mandela, la liste est généreusement achalandée, et ne pourrait donner place au dictateur et criminel qu’est : Le prince héritier Mohammad ben Salmane.

L’opportunité historique se présente pour les pays du grand Maghreb, peuple et gouvernants de dire non à l’atteinte aux libertés fondamentales, expressions et opinions qui constituent une valeur cardinale.

Les pays qui se battent et s’entre-déchirent pour la possession des oasis et des puits de pétrole n’ont aucun avenir parmi les pays qui aspirent aux valeurs universelles de justice et de liberté.

Le sol algérien n’est pas un paillasson, lieu de résidence et de villégiature de despotes criminels. L’Algérie est la Mecque des révolutionnaires et non des dictateurs et criminels.

C’est pour toutes ces raisons que le FSA (Forum Social Algérien) lance un appel pour dire non à la visite du prince héritier Mohammad ben Salmane en Algérie, condamner l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi et réclamer justice.

Pour le FSA,

Le comité de coordination

 

Le Yémen, le synonyme du malheur

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A man carries Buthaina Muhammad Mansour, believed to be four or five, rescued from the site of a Saudi-led air strike that killed eight of her family members in Sanaa, Yemen August 25, 2017. REUTERS/Khaled Abdullah/File Photo SEARCH "STRIKE MANSOUR" FOR THIS STORY. SEARCH "WIDER IMAGE" FOR ALL STORIES. TPX IMAGES OF THE DAY

On appelait la région l’« Arabie Heureuse », l’Arabia Felix des Romains. Aujourd’hui, le Yémen est synonyme de malheur, de dévastation et de mort. Une tragédie s’y joue à huis clos, ou presque. Car si les conflits syrien et irakien attirent l’attention des Chancelleries comme celle des médias, le drame yéménite se déroule dans l’indifférence générale. Hors des radars.

Les images manquent, mais les chiffres disent le drame à leur froide manière. Plusieurs dizaines de milliers de personnes ont déjà trouvé la mort et l’on compte 3 millions de déplacés. Les victimes des conséquences indirectes des combats qu’il s’agisse de mal- nutrition ou de maladies sont légion. Selon une ONG, plus de 85 000 enfants seraient déjà morts dans le sillage des armes.

Cette guerre semble oubliée, pour deux raisons. L’extrême difficulté pour les journalistes de la couvrir, d’abord. Un reporter du Figaro a toutefois pu s’y rendre en juin, rapportant un témoignage poignant. Sa moindre importance « stratégique », ensuite. Pourtant, le conflit yéménite n’a rien de périphérique. S’y affrontent les deux grands rivaux du Moyen-Orient, l’Arabie saoudite et l’Iran. Un choc majeur, entre le pays phare du monde sunnite et le champion de l’islam chiite.

Y aura-t-il un effet Khashoggi ? Le macabre dépeçage du journaliste saoudien à Istanbul a mis Riyad sous pression. Sans lâcher son allié MBS, l’Administration Trump l’a sommé de calmer ses ardeurs guerrières et de chercher une sortie au conflit yéménite. Tout en sermonnant durement les rebelles houthistes soutenus par Téhéran, qui reste la bête noire de Washington. Les Européens ont aussi haussé le ton. Des pourparlers doivent s’ouvrir la semaine prochaine en Suède. Les belligérants semblent réaliser la difficulté d’une solution militaire. Mais la confiance manque terriblement. Si cette deuxième tentative de négociation échoue, la guerre risque de reprendre de plus belle. Et l’ombre recouvrira de nouveau le Sud meurtri de la péninsule arabique.

Arnaud de La Grange

Source : Le Figaro

 

 

 

Ben Salmane en visite officielle aujourd’hui et demain en Algérie

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Plutôt bien accueilli par les puissants du G20, MBS décide d’effectuer une visite de deux jours en Algérie.

Le Prince héritier, vice-président du Conseil des ministres et ministre de la Défense d’Arabie Saoudite, Mohammed Ben Salmane, entamera, à partir de demain dimanche, une visite officielle de deux jours en Algérie, à la tête d’une délégation de haut niveau, indique samedi un communiqué de la Présidence de la République.

De retour du sommet du G20, le prince héritier qui devait faire une escale de quelques heures à Alger, décide donc de transformer son escale algéroise en réelle visite d’Etat.

Le prince de 33 ans, qui signe son grand retour international après l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi à l’ambassade de son pays en Turquie, a été, plutôt bien accueilli par les puissants au G20. Échanges amicaux avec les présidents Russe et Chinois, bienveillance naturelle du président Américain et même une discussion cordiale avec le président Français.

Revigoré par cet accueil, MBS rejoue au chef de l’Etat et choisi l’Algérie pour entamer son retour “triomphal” sur la scène international.

La visite de MBS en Algérie, note le communiqué de la Présidence, s’inscrit dans “le cadre des relations fraternelles solides liant l’Algérie et le Royaume d’Arabie Saoudite”. Elle contribue, ajoute-t-on, à “la consolidation des relations privilégiées entre les deux pays et peuples frères et permettra de donner un nouvel élan à la coopération bilatérale et de concrétiser des projets de partenariat et d’investissement, en ouvrant de nouvelles perspectives aux hommes d’affaires, en vue d’augmenter le volume d’échange commercial et d’élargir le partenariat économique entre les deux pays”.

Elle permettra également de “relancer les différents ateliers bilatéraux issus de la 13ème session de la réunion de la commission mixte algéro-saoudienne, tenue à Riyadh en avril dernier et qui a été sanctionnée par la signature de plusieurs accords de coopération”, note la même source.

“La visite de son Altesse royale, le Prince héritier saoudien sera l’opportunité d’examiner et d’échanger les points de vue sur les questions politiques et économiques arabes et internationales d’intérêt commun, et à leur tête la question palestinienne et les situations dans certains pays frères, outre les évolutions du marché pétrolier”, conclut le communiqué.

Des Algériens disent non à la visite de MBS

Cet “engouement” officiel n’est pas partagé par tous les Algériens. Des intellectuels algériens dont le journaliste H’mida Layachi, l’écrivain Kamel Daoud ou encore le Président de l’association des oulémas musulmans, Aberrezak Guessoum, ont lancé, ce samedi 1er décembre, un Manifeste pour dire “Non” à la visite en Algérie de Mohamed Ben Salmane.

Outre l’assassinat ignoble du journaliste saoudien Jamal Khashoggi, les signataires de l’appel, rapporte le journal électronique TSA, dénoncent l’envoi de troupes au Yémen et le bombardement des populations désarmées. “C’est un autre exemple qui témoigne d’une conduite cruelle et anti-humaine”, soulignent les initiateurs du manifeste.

HuffPost Algérie

Ali Haddad attaque Issad Rebrab

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Depuis son dernier passage sur le plateau de  France 24 où il avait imputé, à raison, le blocage de ses nombreux projets en Algérie à une « main invisible », Issad Rebrab devient la cible préférée d’Ali Haddad qui multiplie contre lui les charges.

Samedi sur sa page Facebook, le chef du FCE en remet une louche, en reprochant au patron de CEVITAL sans jamais le citer  de « faire preuve  de déni de réalité quand les personnes concernées ont constitué leurs richesses en Algérie, grâce à un dispositif de promotion de l’investissement permettant à leurs entreprises  de réaliser  des niveaux de croissance  à deux chiffres, sans pareil au monde ».

Juste avant, le patron du FCE affirmait dans un autre post qu’il n’était  pas partisan  du « nihilisme de certains opérateurs économiques qui attribuent leurs réussites  et leurs succès systématiquement à leur sens aigu de l’entrepreneuriat et les échecs aux blocages qui proviendraient des pouvoirs publics ou même d’une +main invisible+ ».

 Par Nabil Semyane

Source : algerie1.com

« Gilets jaunes »: scènes de chaos à Paris

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Protestors stands in front of a fire of furnitures during a protest of Yellow vests (Gilets jaunes) against rising oil prices and living costs near the Arc of Triomphe on the Champs Elysees in Paris, on November 24, 2018. - Security forces in Paris fired tear gas and water cannon on November 24 to disperse protesters. Several thousand demonstrators, wearing high-visibility yellow jackets, had gathered on the avenue as part of protests which began on November 17, 2018. (Photo by Bertrand GUAY / AFP)

Après des échauffourées près des Champs-Elysées, des heurts s’étendaient samedi après-midi à plusieurs autres quartiers de Paris dans une grande confusion, en marge de la mobilisation des « gilets jaunes » qui rassemblait quelque 40.000 personnes à travers la France.

https://youtu.be/UztI8cXuhMk

En milieu d’après-midi, des manifestants parfois violents ont investi plusieurs rues et avenues du centre et nord-ouest de la capitale, incendiant parfois des mobiliers urbains, croisant le fer avec les forces de l’ordre et donnant parfois lieu à des scènes de guérilla urbaine, ont constaté des journalistes de l’AFP.

Au début de cette troisième journée de mobilisation nationale, le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner avait mis en cause « 1.500 perturbateurs » dans la capitale quand son secrétaire d’Etat Laurent Nunez en dénombrait deux fois plus.

Boulevard Haussmann, non loin des grands magasins, où quelque 300 manifestants étaient rassemblés, des personnes cagoulées ont pris à partie des pompiers venus éteindre des poubelles et véhicules incendiées, arrachaient des vélib’ et érigeaient des barricades de fortune.

« C’est la guerre », lâche, en pleurs Sélim, un salarié d’une galerie d’art pris dans les échauffourées.

Place de l’Opéra ou surtout rue de Rivoli, qui relie la place de la Bastille à la Concorde en passant par Le Louvre, des centaines de personnes étaient elles aussi rassemblées dans un climat de très grande tension, essuyant les tirs de gaz lacrymogènes des forces de l’ordre et refluant au gré des interventions des policiers.

Au total, 146 personnes avaient été interpellées à Paris en milieu d’après-midi soit davantage que lors de la précédente action dans la capitale le 24 novembre, selon le bilan officiel. 65 personnes ont été blessées, dont 11 parmi les forces de l’ordre.

– « De pire en pire » –

« Ca fait quinze jours qu’on essaye de se faire entendre et y a rien qui bouge. Il va falloir à un moment que Macron nous entende sinon ça va être de pire en pire », a déclaré Gaetan Kerr, 52 ans, agriculteur venu de l’Yonne, non loin des Champs-Elysées

C’est dans ce quartier, sur le rond-point de l’Étoile, que les premiers heurts de la journée ont éclaté vers 8H45 quand des manifestants ont, selon une source policière, tenté de forcer un barrage. Les forces de l’ordre ont alors répliqué par des tirs de lacrymogène.

Les échauffourées se sont d’abord concentrées autour de l’Arc de Triomphe et notamment près de la flamme du soldat inconnu où des manifestants ont entonné une Marseillaise. Un tag « les gilets jaunes triompheront » a été peint sur le monument.

« Au risque de paraître vieux jeu, je veux dire à quel point j’ai été choqué par la mise en cause de symboles qui sont des symboles de la France », a réagi le Premier ministre Edouard Philippe.

Après ces premiers heurts, les manifestants ont reflué vers d’autres quartiers et dans des avenues adjacentes, notamment la prestigieuse avenue Foch où un tractopelle a été incendié et une remorque de chantier renversée.

Sur l’avenue des Champs-Elysées, sécurisée depuis 6H00 du matin par un quadrillage policier très serré, la situation était plus calme et les manifestants craignaient que leur message soit éclipsé par les heurts, après les violences qui avaient déjà éclaté le 24 novembre.

« Nous sommes un mouvement pacifique, c’est juste que nous sommes désorganisés, c’est le foutoir car nous n’avons pas de leader », déplorait Dan Lodi, retraité de 68 ans. « Il y a toujours des abrutis venus pour se battre, mais ce n’est pas du tout représentatif. »

La ministre de la Santé Agnès Buzyn a, elle aussi, déploré les violences, estimant que cela « discrédite un combat légitime qu’exprimaient beaucoup de +gilets jaunes+ ».

plusieurs figures de l’opposition ont accusé le gouvernement de mettre en scène ces violences pour discréditer le mouvement des « gilets jaunes ». Le leader de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, a ainsi dénoncé un « incroyable acharnement » contre les manifestants estimant que le pouvoir cherche « un grave incident pour jouer sur la peur ».

Pour le porte-parole des Républicains (LR) Gilles Platret, « il est impératif » que l’exécutif « fasse un geste significatif en direction des justes réclamations des +gilets jaunes+ ».

– Incidents à Nantes –

Lancé il y a quinze jours hors de tout cadre politique ou syndical, le mouvement des « gilets jaunes » se poursuivait également en dehors de Paris, le plus souvent dans le calme. A la mi-journée, la mobilisation réunissait quelque 36.000 personnes sur l’ensemble de la France, dont 5.500 à Paris, selon les chiffres gouvernementaux. La première journée nationale, le 17 novembre, avait réuni 282.000 personnes, et la deuxième 106.000, dont 8.000 à Paris.

Plusieurs opérations de blocage et de filtrage étaient recensées notamment dans le Var au péage de Bandol sur l’A50 et dans les Bouches-du-Rhône aux barrières de péage de La Ciotat.

A Nantes, une cinquantaine de « gilets jaunes » ont fait irruption à deux reprises samedi matin sur le tarmac de l’aéroport de Nantes Atlantique tandis que de brèves échauffourées ont éclaté à Strasbourg.

Dans le sud-ouest, les « gilets jaunes » ont lancé des opérations « barrages filtrants » à Cahors (Lot), et dans 7 villes du Tarn. Sur l’autoroute A9, les manifestants ont ciblé le péage du Perthus, à la frontière entre la France et l’Espagne. A Toulouse, un face-à-face tendu opposait « gilets jaunes » et forces de l’ordre dans le centre ville.

« La taxe sur le diesel, c’est une goutte d’eau. Il y a trop d’inégalités, plus ça va plus on s’enfonce, nous et surtout nos enfants », a déclaré Chantal, 68 ans, retraitée du secteur public lors d’un rassemblement à Lyon.

Annie, 52 ans, ancienne employée d’usine au chômage, est venue pour son pour son fils de 17 ans qui voudrait trouver un apprentissage mais n’y arrive pas : « Entre ce qui est dit et la réalité, y a un fossé énorme ».

Malgré l’annonce par Emmanuel Macron de prochaines mesures pour répondre à la « colère légitime » des manifestants, le mouvement qui a essaimé hors de tout cadre syndical ou politique continue d’engranger des soutiens, dans les collectifs de banlieue comme à l’ultradroite.

Un « rassemblement des artistes » prévu devant l’Olympia à l’initiative de l’humoriste Gérald Dahan a en revanche tourné court.

AFP

Mystérieux appels à manifester à Alger

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De mystérieux appels à manifester, ce samedi, à Alger sont relayés sur les réseaux sociaux depuis hier vendredi. Les messages partagés par des anonymes appellent à se rassembler dans le quartier d’El Kettani à Bab El Oued, en début d’après-midi, pour « une marche pacifique ».

Un message vocal dont l’auteur et l’origine sont inconnues est largement partagé entre les jeunes. « C’est un message à tous les zawalis (démunis) qui subissent des injustices dans ce pays. Ce samedi, faisons une marche, après dhohr à El Kettani, contre le cinquième mandat. Nous sommes tous des jeunes, nos frères meurent en mer, soit nous arrangeons les choses soit nous les aggravons », dit le message.

Ces appels à manifester qui sont pourtant passés presque inaperçus semblent inquiéter les autorités. À plusieurs carrefours d’Alger-centre et ses environs, un déploiement inhabituel de policiers a été constaté ce matin. A la place Audin, par exemple, plusieurs fourgons de transport des policiers antiémeute sont stationnés.

Jeudi, des jeunes ont organisé une manifestation surprise  à Alger-centre. Le cortège formé de plusieurs dizaines de manifestants, dont une majorité de jeunes, est parti de la rue Khelifa Boukhalfa et est arrivé jusqu’à la place Audin après avoir parcouru la rue Didouche Mourad.

Par:  

Source : TSA

[+212] « Pousse-toi de là, salope »

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Trois femmes racontent les violences subies dans l’espace public.

« Je voudrais pouvoir sortir à pied dans les rues du Maroc sans avoir à craindre le regard des autres ».

La rubrique +212 est un espace de dialogue et d’échange, une fabrique d’idées. Elle rassemble un faisceau de regards sur le Maroc, formulés de l’extérieur vers l’intérieur par des plumes expatriées, exilées, émigrées, nomades, membres de la diaspora marocaine à l’étranger.

PARIS – Ces textes ont été écrits par des participantes de l’atelier d’écriture “Arbre à palabres”, organisé par #ZankaDialna à Paris, le 25 novembre dernier, dans le cadre de la campagne d’ONU Femmes contre les violences faites aux femmes. Chaque participante a mis à l’écrit un témoignage d’une expérience de violence dans l’espace public et une projection dans un espace public apaisé, sécurisé. Comme vous pourrez le lire ci-dessous, le troisième et dernier témoignage ne comporte pas de partie relative à l’exercice de projection, la jeune femme ayant préféré se concentrer sur son témoignage.

#ZankaDialna (la rue est à nous) est une initiative marocaine, artistique citoyenne, et spontanée dont l’objectif est de rendre aux femmes leur place dans l’espace public et de lutter contre les violences faites aux femmes, en utilisant l’art comme principal vecteur.

Bouchra*, 24 ans

“Je devais avoir douze ans au Maroc, à Mehdia, là où j’ai toujours vécu jusqu’à mes 17 ans. Je revenais de chez une amie en fin d’après-midi, je devais avoir marché au maximum dix minutes à pied, en passant par des rues que je connais, où en principe je devais me sentir en sécurité. Deux hommes m’ont sifflée et suivie sur quelques mètres en insistant. Je ne me souviens pas de ce qu’ils disaient mais je sentais le côté pervers de leur approche. J’avais peur, je me sentais en danger et impuissante. J’ai accéléré le pas et couru jusqu’à chez moi. Rentrée en larmes, en suffoquant, je suis directement allée dans les bras de ma mère. Mon père et mon oncle étaient là aussi. Après avoir expliqué ce qu’il m’était arrivé, ils m’ont emmenée avec eux, je leur ai montré les deux hommes qui étaient encore dans le coin. Ils se sont expliqué avec eux avec les poings. Et là, je me suis demandé si c’était comme ça que je pouvais éviter d’être embêtée dans la rue. En sachant me défendre physiquement? Pas autrement ? Et si j’en suis incapable, je ne sors pas de chez moi?”
*
“L’espace public idéal serait un espace public où je me sentirais constamment en sécurité, quelle que soit l’heure. Je voudrais pouvoir compter sur un étranger dans la rue si on m’agresse. Je voudrais que les rues soient éclairées partout le soir, ne pas avoir à regarder l’heure le soir avant de sortir de chez moi pour prendre le métro. Je voudrais que chaque homme me regarde avec respect même si je porte des talons haut et une jupe. Je ne voudrais me poser aucune question avant de m’habiller pour aller courir ou aller faire les courses au Maroc. Je voudrais pouvoir sortir à pied dans les rues du Maroc sans avoir à craindre le regard des autres: ni celui d’une femme qui estimerait que je ne suis pas assez couverte, ni celui d’un homme qui me juge également parce que je suis sortie en short et T-shirt en ville”.

Nada*, 28 ans

“C’est à l’âge de 13 ans que j’ai découvert l’effet de mes rondeurs de femme sur la gent masculine. Regards appuyés et compliments, remarques désobligeantes et attouchements, ou de simples sifflements qui sont devenus dérangeants et irritants. La première fois qu’un homme a touché mes parties génitales, c’était à 13 ans, alors que je jouais encore au ballon
et que bien que mon corps se soit transformé, mon âme, elle, était encore celle d’une enfant. Mes fesses ont été effleurées, touchées, attrapées, violentées, à 13 ans, 15 ans, 17 ans, et il y a quelques semaines, à 21 ans, sans que je n’aie rien demandé. À Paris, Casablanca et Marrakech, ils étaient enfants, adolescents et hommes adultes, j’étais en maillot, en jean, et en manteau, mais à aucun moment je n’ai été consentante et à chaque fois, j’ai été rongée par la colère, la honte et la culpabilité”.
*
“J’aimerais qu’un jour je puisse sortir sans craindre les hommes, leur hostilité ou leur admiration offensive, sans me soucier de ma tenue ou de ma démarche, sans sentir les regards, certes passifs mais très expressifs, qui me déshabillent et me font sentir mal à l’aise. J’aimerais qu’un jour je puisse me sentir humaine avant de me sentir comme un objet sexuel animé. J’aimerais pouvoir laisser ma fille sortir prendre l’air, sans penser qu’elle sera sexualisée, dérangée et sifflée par les jeunes garçons à peine pubères du quartier. Notre seul espoir est l’éducation. Éduquons nos fils, nos petits fils, et nos frères. Éduquons les générations à venir et apprenons-leur que la femme, avant toute attribution de rôle social, est un être humain, un individu, doté d’une raison et d’une âme, exactement comme son semblable masculin.”

Ilham*, 29 ans

“Pousse-toi de là, salope”

Paris, métro Anvers, avril 2014. J’ai 24, bientôt 25 ans, ma vie professionnelle a démarré depuis bientôt 2 ans. Et j’essaie de m’y faire, à ce nouveau rythme infernal, ce quotidien exigeant, cette nouvelle vie. Ce n’est pas tous les jours facile, et je rentre souvent le soir à la maison épuisée, irritée, un peu envie qu’on me laisse tranquille. Ce jour-là, il est 20 heures, je sors de la bouche de métro, prise dans le flot de parisiens pressés qui accélèrent le pas, jouent des coudes, se bousculent pressés, stressé, vous imposant la même cadence.
À peine sortie de terre, je m’engage dans cette grande allée bordée d’arbres où trainent parfois des groupes –souvent masculins– toujours en bande et désœuvrés. Je bouscule négligemment cet homme, sans le faire exprès, un peu fort mais rien de dramatique non plus et, un peu de mauvaise humeur, marmonne un vague “désolée” entre mes dents à la place de m’adoucir et de mon habituel “pardon” accompagné d’un grand sourire fraternel. Cet homme est plutôt jeune, la trentaine maximum, visage dur que je crois reconnaitre d’Afrique de l’Ouest, il a les yeux un peu fous. Je le remarque tout de suite. Brille dedans une lueur un peu malveillante, presque de haine pour le monde qui l’entoure. Il me rattrape par le bras et me ramène violemment à lui. “C’est quoi ton problème?”. Je le toise, courageuse et lui demande de ne pas me toucher en rajoutant: “Je ne t’ai pas vu, désolée”, “mais tu ne me touches pas stp”. Ses amis se rapprochent peu à peu et nous encerclent, j’entends ”ça va, laisse-là”. Mon rythme cardiaque s’accélère. Il ne m’a toujours pas lâché le bras. Je tente, dans un mouvement brusque, de me dégager, et là, avant que mon cerveau puisse analyser ce qu’il se passe, je suis à terre, entièrement exposée à eux, et il se met à me frapper avec ses pieds.
Je suis tétanisée. La peur est plus forte que la douleur. Je ne crie même pas. Je me souviens juste d’un énorme rush d’adrénaline qui monte dans mon corps pendant que je prends les coups. Je tente de me relever, comme un robot, en me protégeant tant bien que mal de lui. Ses yeux sont révulsés de rage. Je m’interroge intérieurement “qu’est-ce que je lui ai fait?”. Je réalise que ses amis l’entourent par la taille, dans une tentative de maitrise. Il se débat un peu et finit par lâcher en crachant sur le sol “vas-y, pousse-toi de là salope”. Nous sommes au beau milieu du passage, à 20 heures, partout autour de nous, des gens marchent dans la rue, parfois nous frôlent sur leur chemin. Certains regardent la scène, attendent un peu, hésitent. Aucun cependant ne s’arrête vraiment. Personne n’intervient.
C’est la chose dont je me souviendrai le plus des années plus tard quand je repense à ce moment. C’est aussi ce que je me martèlerai dans ma tête en rentrant chez moi ce soir-là, encore et encore, et qui m’obsèdera: “personne ne s’est arrêté pour toi, personne ne t’a aidée”. Les larmes qui montent sont si fortes, honte et colère mêlées me submergeant, qu’elles me brûlent les yeux. Je rentre chez moi tête baissée.
Sur une centaine de mètres, je me fais raccompagner par un de ses amis. Je n’ai même plus la force d’avoir peur. Très grand, 1m90, baraqué, look de videur de boîte de nuit, il se montre extrêmement gentil avec moi –sursaut de culpabilité, courtoisie ou humanité?– il me dit: “j’ai une sœur et une mère tu sais, c’est pas cool ce qu’il a fait”. Je suis dans un tel état de choc, je ne réalise pas vraiment qu’il me parle, je ne sais même pas les mots que je balbutie poliment en retour.
Et là, coup de théâtre ultime de cette pièce sordide, il me demande: “et sinon, t’as pas un 06?”

*Les prénoms ont été modifiés pour préserver l’anonymat des intéressées.

Jeune femme anonyme Citoyenne marocaine.

Source : huffpostmaghreb.com