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Commémoration du 27ème anniversaire de l’assassinat de Mohamed BOUDIAF « TAYEB EL WATANI »

                    LE DROIT DE SAVOIR

Le peuple algérien voit chaque jour ,médusé, ses symboles réduits à néant, la mémoire de ses chouhadas profanée et son histoire travestie.

 Y a-t-il encore des référents historiques en Algérie? Question terrible qu’insidieusement on nous amène à nous poser. Question vicieuse qui renferme en elle des germes nauséabonds de réponse. Surtout, en ce jour du 29 juin 2019, date anniversaire oubliée de l’assassinat en direct devant le peuple du président du « HCE » MOHAMED BOUDIAF ( TAYEB EL WATANI)!

 Alors, osons  aujourd’hui réhabiliter la mémoire de ce GRAND qui était une ICÔNE, à travers cette biographie brève mais concise(source Benjamin STORA)qui retrace la vie de ce « Kebch El Aid »(milles pardons si l’expression est un peu forte)des ennemis de l’Algérie Algérienne.

Mohamed Boudiaf est né le 23 juin 1919 à Ouled Madi (Wilaya M’sila) dans le Hodna. Il appartient à une famille de « grande tente » en partie déclassée par la colonisation. Il vit chez ses parents jusqu’à l’âge de 14 ans, avec un père cultivateur qui exerçait aussi le métier de tailleur dans cette ville.

En 1933,il se rend à Boussaada, chez son oncle maternel, ABADI Mohamed, où il effectua des études de cours complémentaires au collège de Boussaada.

En 1939,il abandonne ses études sans obtenir de diplôme, et alla travailler chez BENTCHICOU à Constantine en qualité de secrétaire pendant environ un an et demi.

Son état de santé fragile(atteint de tuberculose dès son jeune âge) et ses convictions nationalistes l’empêchent de réaliser son souhait de préparer l’Ecole Normale d’Instituteurs.

En Mai 1941,après avoir passé un concours, il est nommé aide-commis administratif à l’EPSM de Constantine(parc d’artillerie).

 En Juillet1942, il est commis auxiliaire  aux écritures au service des Contributions à Jijel.

Incorporé au mois d’Aout 1943,il effectua son service militaire à Constantine et Batna au 67ème RAA, et fut démobilisé au mois d’Aout 1945,avec le grade de Brigadier chef.

 Nationaliste convaincu, et marqué par les événements du 8 Mai 1945,il adhère au P.P.A, et pour mieux se livrer à ses activités militantes, il se fait mettre en disponibilité de son travail  et fait de la représentation commerciale dans la région de Sétif, Bordj Bouarraridj et M’sila.

Il devient dès 1947un responsable de l’organisation Spéciale ( O.S ),et met sur pied l’OS dans le département de Constantine, et fut jugé et  condamné pour ses activités en 1950 à 10 ans de prison par contumace. Il rejoint la France en 1953 et devient membre du M.T.L.D.

Permanent et responsable de l’organisation de la fédération de France(juin1953-février1954,il dénonce la politique et les méthodes de Messali El hadj dans la crise du MTLD

Il quitte donc l’Algérie le 25 Octobre 1954 et assume la responsabilité politique et militaire de la région Ouest avec siège au camp de Nador. Chargé de la logistique du FLN, il part en 1956 en Egypte, puis séjourne  à Tétouan afin de se procurer des armes pour la résistance oranaise qui a du mal à s’implanter. Il reprend son rôle de messager entre la délégation de l’extérieur au Caire et les chefs de wilaya.

Il rentre en Algérie et devient l’un des principaux organisateurs du C.R.U.A. (Comité Révolutionnaire pour l’Unité et l’Action), membre du groupe des 22 ayant déclenché la guerre de libération.

 Le 22 octobre 1956 il est capturé avec ses compagnons suite à l’arraisonnement par l’aviation française de l’avion «  Air Atlas », qui les menait du Maroc vers la Tunisie.

Mohamed BOUDIAF est membre de tous les CNRA, ministre d’état dans le GPRA(1958/1961),vice-président du conseil(1961).Il dirige indirectement de prison la fédération de France du FLN. Libéré en 1962,il entre en conflit avec Ben Bella, au moment de l’affrontement de BOUGHARI qui met aux prises les troupes revenues des frontières et la wilaya IV.

Le 20 septembre 1962, il fonde le Parti de la Révolution Socialiste (P.R.S.).

Le 21 juin 1963, il est arrêté et exilé dans le sud Algérien où il reste détenu pendant trois mois puis rejoint le Maroc.

Il a soutenu aussi l’insurrection de CHAABANI.

A partir de 1972, il se déplace entre la France et le Maroc en activant pour son parti, le P.R.S. et en animant la revue El Djarida.

 En 1979, après la mort de Houari Boumediene, il dissout le P.R.S et va se consacrer à ses activités professionnelles en dirigeant à Kénitra au Maroc une briqueterie.

 Le 14 janvier 1992, après la démission du Président Chadli Benjedid, il devient Président du Haut Comité d’Etat. Il meurt assassiné le 29 juin 1992 en plein voyage officiel à Annaba. Qui dit mieux ?

 L’indépendance reconquise au prix fort d’une guerre meurtrière, on croyait que l’hémorragie allait s’arrêter, que l’on respecterait le sacrifice de nos grands hommes, artisans de notre liberté. Eh bien, NON!

Il faut faire table rase sur les symboles, l’histoire et l’Authenticité du peuple Algérien.

 Cependant, naïfs que nous sommes, on pensait qu’un TAYEB EL WATANI, ce militant sincère et d’une intégrité irréprochable, ce stratège politique, par sa stature exceptionnelle était intouchable. Cruelle désillusion. 25 ans après son assassinat par l’acte isolé d’un de ses gardes ,un certain lieutenant BOUMAARAFI, il se trouve des gens occupant les plus hautes fonctions à la tête de l’état qui n’hésitent pas à l’assassiner une deuxième fois avec la même perfidie et la même lâcheté, en le banalisant et en tentant de l’effacer des mémoires.

Après, cette énième infamie, que nous reste-t-il? De qui parler à nos enfants, à la jeunesse de la nouvelle génération?

Hélas, l’œuvre de destruction continue toujours. Elle ne cessera qu’une fois parachevée! Sinon, pourquoi, vouloir effacer de la mémoire collective, et particulièrement des jeunes, même les dates symboliques de la disparition de ces historiques? De là, à enseigner à nos enfants leurs « hauts faits d’armes »…..

 A qui le tour maintenant et demain? Aucun historique  mort n’est épargné. Les vivants n’échapperont pas à ce qui semble une fatalité. Ils seront trainés dans la boue, tant qu’ils ne s’aligneront pas ,comme beaucoup, à la normalisation exécrable d’un régime scatologique, à l’image du système actuel.

On finira par nous faire admettre que notre Révolution s’est faite sans nos  Historiques.

A qui peuvent s’identifier nos jeunes de la nouvelle génération?

Reste l’espoir ,aujourd’hui ,avec la « Révolution du sourire »,qui si elle aboutit à la naissance de la nouvelle Algérie ,dont ont rêvé nos « aïeuls » et pour laquelle milite jusqu’à ce jour toute cette jeunesse »affranchie » depuis le 22 Février 2019, réhabilitera la mémoire de tout le peuple. Ainsi, soit-il.

Par  DR AMOKRANE LAKHDAR

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