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jeudi 25 avril 2024
DébatsBelaïd ABANE : l’élection présidentielle du 18 avril passée au crible

Belaïd ABANE : l’élection présidentielle du 18 avril passée au crible

 

L’entretien donné par Balaid Abane juste après l’annonce de la candidature de Bouteflika

1-Vous avez écrit des livres d’histoire et de médecine. Nous avons souvent parlé médecine. Cette fois-ci, si vous voulez bien nous allons parler de l’actualité algérienne. J’aimerais avoir le point de vue distancié du politologue que vous êtes sur l’actualité d’une Algérie en pleine effervescence électorale. Première question donc,  quelle est votre appréciation sur l’élection présidentielle du 18 avril.

BA : C’est rappeler un lieu commun de dire que l’élection dans notre pays est une pratique de pure forme. Les résultats sont connus d’avance pour l’élection présidentielle et également pour la répartition des sièges à l’Assemblée. Les électeurs sont appelés à choisir entre des candidats dont ils ignorent les visions et les projets politiques. Ces derniers sont du reste souvent vagues et parfois totalement opaques. Il y a bien sûr les questions récurrentes de l’identité, de la religion et de l’histoire en tant que sources de légitimité. Mais si on enlève ces constantes comme on dit, rien ne permet, dans la majorité des cas, de différencier un candidat d’un autre. Quand à l’élection présidentielle d’avril prochain qui est pourtant d’un enjeu considérable, elle vient à peine de sortir d’une espèce d’attentisme apathique auquel vient de mettre fin l’annonce officielle de la candidature d’Abdelaziz Bouteflika pour un 5e mandat.

 

2-Parlons justement du président Bouteflika. Quelle appréciation faites-vous sur sa candidature à un 5e mandat ?

Je suis vraiment partagé. D’un côté le bon sens et le phantasme m’avaient amené à penser qu’on n’oserait pas le 5e mandat. Comment peut-on imaginer qu’un homme de 82 ans au bout de ses capacités physiques, intellectuelles et  cognitives,  puisse diriger un pays frondeur, immense comme le nôtre et confronté à des défis majeurs multiples. A commencer par la réduction drastique des ressources pétrolières mettant le pays dans une situation de grande fragilité économique. On peut dire à ce titre que nous sommes dans une situation à la vénézuélienne sauf qu’en Algérie il n’y a pas d’ennemi intérieur puissant, comme la bourgeoisie vénézuélienne, capable de désorganiser la vie sociale du pays. Et que l’activité économique de nos oligarques est en grande partie dépendante de l’Etat. La fragilité tient également à l’inexistence d’un système économique intégré. Il y a juste une économie confetti comme avait osé le clamer courageusement un ancien Premier ministre congédié pour ses ambitions réformatrices quelques mois après sa nomination.

L’autre défi vital est cette menace qui pèse sur la sécurité nationale à toutes les frontières du pays. La cohésion nationale peut être également l’objet de tous les calculs et de toutes les manipulations internes et/ou externes. Il faut ajouter à tout cela le mécontentement chronique d’une grande partie de la population –notamment de la jeunesse chauffée à blanc- qui prend conscience de l’injuste répartition de la rente pétrolière. Pour tout cela, au lieu d’opter pour la solution « ça passe ou ça casse » il aurait été plus sage et plus patriotique de la part de Bouteflika et de son entourage d’organiser la transition dans la paix et la sérénité. Voila pour le bon sens.

Mais d’un autre côté,  le réalisme politique m’avait amené à penser que le régime ne baisserait pas les bras et qu’il ne se ferait pas hara-kiri. Sauf à trouver des garanties bétonnées pour la sécurité de Bouteflika, de sa famille et de tout l’aréopage qui cimente le système. Mais le système Bouteflika  n’a pas réussi à  trouver le plan B qu’il se cherche depuis le 4e mandat et l’aggravation de l’état de santé du président. Ce plan B aurait consisté pour Bouteflika et son entourage immédiat à trouver un homme de totale confiance (Chakib Khelil, Sellal…), capable de faire face aux multiples défis politiques et économiques de l’avenir (Ouyahia), ayant la haute main sur les appareils d’Etat pour l’ordre et la sécurité afin de  défendre le pays, faire respecter l’ordre et prévenir l’anarchie qui peut très vite déboucher sur le chaos (Gaïd Salah). Mais aussi pour garantir le départ  et la sécurité de Bouteflika et de sa famille. N’ayant pas trouvé l’homme qui répond à tous ces critères, le système a décidé, à son corps défendant,  de se donner encore un peu de temps pour trouver la solution. D’où la candidature pour un 5e mandat.

 

3-C’est donc lui-même qui a décidé de se représenter ?

Non je ne le crois pas qu’il ait été seul à décider. Son entourage immédiat a pris une part prépondérante à la décision. Après, c’est tout un système qui s’est mis en branle dans l’incertitude, l’inquiétude et la panique. Il n’y a qu’à voir la tête des quatre compères qui ont appelé à soutenir la candidature de Bouteflika. Je veux parler des  quatre chefs de partis de l’alliance présidentielle. On aurait dit qu’ils s’apprêtaient à commettre à contrecœur un acte de transgression majeur. Pour légitimer leur soutien au 5e mandat ils ont invoqué la continuité dans  la stabilité. Il s’agit évidemment de la stabilité et de la continuité de leurs intérêts politiques et partisans et de leurs intérêts tout courts. Pour le pays il s’agit au contraire d’une sorte d’immobilisme et de fuite en avant. Car il y va de leur survie politique et de leur sécurité. On peut imaginer leur devenir si tout basculait vers  un système où la clef de voûte ne serait plus Bouteflika mais un de ses adversaires parmi les hauts gradés évincés. Les différentes couches qui gravitent autour de l’axe présidentiel craignent toutes le basculement. C’est une question de vie ou de mort comme ce fut le cas pour le 4e mandat sauf que cette fois-ci le président et son entourage immédiat ont toutes les cartes maitresses en main. Sauf celle de la rue qui peut remettre en question tous les calculs.

 

4- Vous pensez que le président détient toutes les cartes maitresses dans l’état de faiblesse où il est ?

D’une certaine façon oui. Pourquoi ? Tout simplement parce que Bouteflika, il faut lui reconnaître ce mérite, a rompu le paradigme de système qui prévalait depuis les temps révolutionnaires. Ça veut dire quoi,  en quelques mots ? Jusqu’à l’avènement de Bouteflika, il y a toujours eu un ou plusieurs centres de pouvoir réels d’arrière-plan (les fameux clans) qui désignaient une façade politique consensuelle n’ayant qu’un pouvoir formel. Ce fut le cas pour les deux présidents du GPRA, Ferhat Abbas et Ben Khedda. Pour Ben Bella aussi. Quand ce dernier voulut s’affranchir de ses parrains militaires, il le payera de 14 années de privation de liberté. Chadli baissera les bras sous la pression d’un conclave militaire. Boudiaf voulait devenir un président élu, il le payera de sa vie. Plus tard même un militaire comme Liamine Zéroual, est obligé de renoncer au pouvoir pour échapper à l’emprise de ses pairs qui furent également ses parrains. En 1999, Bouteflika  a été choisi comme la nouvelle vitrine politique consensuelle. Il s’affranchira dès 2004 de ses parrains, le fameux « cabinet noir ». A partir de 2014, il démantèlera les Services secrets (DRS), en limogeant ses chefs jusqu’au premier d’entre eux. Il met ainsi l’armée complètement et définitivement sous sa houlette de président de la république et d’« incarnation politique de l’Algérie » comme il s’est plu lui-même à le souligner il y a quelques années lors d’un forum économique en Suisse. Bouteflika a restauré le principe soummamien de la primauté du politique, ou si l’on veut un Etat algérien « civil »  et a mis fin aux clans. Il ne subsiste que des oppositions, politiques bien sur, mais aussi militaires. Pour être plus précis Bouteflika  a mis fin à l’esprit de junte. Il a trouvé en 1999 une poignée de généraux, et a nommé depuis des centaines qui lui sont totalement loyaux à travers la personne du chef d’Etat-major. C’est cela qu’on appelle une armée républicaine.

Il y a néanmoins trois réserves à ce big bang de  l’histoire politique algérienne. La première est que la normalisation civile du régime ne procède ni d’une vision, ni d’un projet politique de long terme, mais d’une simple lutte de clans qui s’est soldée au profit d’Abdelaziz Bouteflika dans un contexte national et international favorable et habilement exploité.

La deuxième réserve est que l’émergence d’un pouvoir civil omnipotent n’a été possible et ne tient que grâce à la fidélité sans failles du chef d’Etat-major de l’armée, Gaïd Salah, et de tous les appareils sécuritaires, y compris celui des Services secrets. A ce titre, il faut reconnaître à Abdelaziz Bouteflika l’excellence rare dans l’art et la manière de gérer les équilibres et de fidéliser les hommes.

La troisième est que l’équilibre actuel n’est pas pérenne et ne tient qu’à la personne d’Abdelaziz Bouteflika. S‘il venait à disparaître soudainement, tout l’édifice serait à reconstruire. Car l’armée et ses noyaux durs apparaitraient de nouveau comme les arbitres suprêmes. Et les cartes pourraient être complètement rebattues. C’est précisément le danger que pressentent les principaux acteurs du système Bouteflika qui craignent le retour en force de tous ceux qui ont fait les frais de la rupture bouteflikienne, notamment les hauts gradés du DRS et tous les généraux récemment rejetés et humiliés. On pense même dans les cercles du pouvoir actuel, que la candidature de ce général retraité, Ali Ghediri,  porte les espoirs de tous les hauts gradés écartés par le système Bouteflika et qui ne rêvent que de déboulonner Gaïd Salah pour prendre leur revanche.

 

5- Parlons justement de l’opposition à Bouteflika et de ce général à la retraite. Qui est-il, et est-il vraiment en position de menacer la candidature de Bouteflika ?

J’ai entendu parler pour la première fois du Général Ali Ghediri lorsqu’il a interpellé par voie de presse le chef d’Etat–major Gaïd Salah. J’ai lu la lettre qu’il lui a adressée et l’ai trouvée d’assez bonne facture. J’ai vite déchanté en l’écoutant. J’ai compris qu’il était atteint du syndrome gaullien : il n’a à faire valoir que son titre de général. Je n’ai trouvé en lui ni le charisme d’un général libérateur, ni pensée, ni vision politiques. Un général de bureau en quelque sorte. J’ai lu quelque part, qu’il était Docteur en sciences politiques. Peut-être, comme moi je suis Docteur en physique nucléaire. Ses réponses ne volent pas plus haut que celles de l’homme de la rue. Ce qui est  normal du reste, car il sort d’un milieu, l’armée où il est interdit de militer et de faire de la politique. Passons sur le programme économique, dans un pays où n’existe pas encore de véritable système économique intégré.

Sur la question identitaire, le général Ghediri est bloqué aux années 1970. C’est une grave faute politique de zapper la dimension amazighe dans un pays en pleine mutation identitaire. Même Bouteflika, qui fut politico-rigide sur la question, a fini par faire son aggiornamento sur Tamazight devenue langue nationale et officielle, il est vrai sous la pression des événements nationaux et internationaux. Les islamistes se sont eux aussi rendus au principe de réalité en intégrant dans leur discours la dimension amazigh du peuple algérien.

En outre Ali Ghediri, qui est sûr de son prochain succès, est-il naïf au point de croire que le système Bouteflika qui joue son va-tout, lui laissera la moindre chance de succès ? A moins qu’il ait juste l’intention de faire un tour de piste politique ou qu’il espère lui-aussi que le tripatouillage électoral jouera à son profit, ce qui est hélas, une tare structurelle de la pratique politique dans notre pays. Et je crains même que tous ceux qui l’ont rejoint aient fait le même calcul, en se basant sur le fait qu’un général est censé pouvoir faire jouer certains agents tripatouilleurs  du système en sa faveur.

 

6- Mais vous voyez bien que des gens crédibles comme Mokrane Aït Larbi et Issad Rebrab l’ont rejoint.

Oui j’ai vu ça et j’ai été vraiment étonné de la part de ces deux personnalités que je connais et tiens en très haute estime. D’abord Mokrane Aït Larbi est infiniment plus légitime à prétendre devenir président de la République. Avocat, ayant un sens élevé du compromis politique, il est la synthèse de l’algérianité par sa culture trilingue. Son long passé de militant politique et des droits de l’homme l’autorise à prétendre à toutes les fonctions suprêmes. Il n’y a que lui qui n’y croit pas, probablement parce qu’il pense qu’un Kabyle n’y arriverait jamais. Qui aurait parié qu’un Noir deviendrait Président des Etats-Unis. Le risque pour Maitre Ait Larbi est de se démonétiser auprès d’un candidat qui n’a pour le moment ni l’étoffe ni la carrure d’un futur président.

L’implication d’Issad Rebrab est encore plus étonnante. Pourquoi cet homme qui est la fierté de notre pays, qui joue dans la cour des Grands de ce monde grâce à son génie entrepreneurial, qui est reçu avec les honneurs par des chefs d’Etat ou de gouvernement de grandes puissance occidentales, s’est-il engagé aussi naïvement dans un bras de fer entre le pouvoir et son opposition militaire ?  Et aux côtés d’un candidat sans projet et qui plus est, ne fait pas le poids dans l’état actuel des rapports de forces, face à la puissante machine électorale du quatuor bouteflikien ? Et dans une compétition pliée d’avance ? Ne reprochait-il pas avec sagesse à Ali Haddad, chef du patronat algérien, de faire de la politique au lieu de se cantonner au strict domaine économique qui est le sien ! Issad Rebrab est plus qu’un capitaine d’industrie. C’est le symbole d’une Algérie qui réussit et rayonne à l’international,  et qui peut se permettre d’être au dessus de la mêlée, moralement et patriotiquement parlant. Pourquoi est-il descendu comme un agneau dans la fosse aux lions ? Comprenne qui pourra !

 

7-A Part ce général, y a-t-il d’autres candidats potentiels crédibles en mesure d’affronter sérieusement Bouteflika ? Qu’en est-il d’Ali Benflis, Mouloud Hamrouche, Sid Ahmed Ghozali, pour ne citer que ces anciens chefs de gouvernement ? Et également de l’opposition qui semble inexistante ?

Ali Benflis est parfaitement légitime et crédible pour postuler à devenir Président de la République algérienne. Il a été certes du système mais cela est peut-être un atout. Il a créé un parti politique, il a un programme et a ferraillé à deux reprises contre Bouteflika. C’est dire qu’il en veut et y met les moyens. C’est cela faire de la politique. Même si on est en désaccord avec certaines de ses idées, on ne peut pas lui contester la carrure.

Mouloud Hamrouche, c’est différent. A part une vague philosophie, il n’a rien, ni parti,  ni  programme. Il est imprégné de l’idée que seule l’armée est faiseuse de rois. Et a donc passé toutes ces années à attendre qu’on lui fasse appel. C’est une erreur pour quelqu’un qui a aussi la crédibilité et la compétence. Car l’armée, y compris son noyau dur, est dans les casernes. Il n’y a plus de clans. Il n y a  que des oppositions.

Sid Ahmed Ghozali qui a largement la carrure, n’attend pas que l’armée lui fasse appel. Il a déjà été le « harki » de service comme il l’a déclaré lui-même. On l’a empêché de créer son parti. Alors il navigue dans les eaux internationales. Peut-être qu’il apparaitra un jour comme le pompier que la « communauté internationale » choisira pour conjurer le malheur s’il venait, à Dieu ne plaise, s’abattre sur le pays d’Algérie.

Quant à l’opposition politique,  « inexistante », vous dites, je ne suis pas d’accord. Au contraire, elle ferraille avec les moyens du bord depuis des décennies. On dit souvent qu’il n’y a pas d’opposition. D’abord ce n’est pas vrai et d’autre part on peut expliquer sa faiblesse. Le pouvoir actuel c’est-à-dire le système Bouteflika, une sorte de monarchie républicaine, a empêché l’émergence de toute potentialité politique  crédible, y compris dans ses propres rangs. Chaque fois qu’émerge un homme  qui apparaît crédible, charismatique et potentiellement compétiteur, il est poussé dehors. C’est là aussi une tare structurelle de l’esprit d’autorité des hommes politiques en général mais très prégnant en Algérie depuis les temps révolutionnaires. Ramtane Lamamra en a fait les frais, et revient malgré tout à Canossa, dit-on.

Dans l’opposition politique au système Bouteflika nous avons des personnalités talentueuses qui occupent le terrain et seraient la fine fleur dans une Algérie ouverte et démocratique. Il y a Mohcine Bellabas qui a une pensée politique élaborée, la maitrise du concept dans les trois langues et même un certain charisme. Pour peu qu’il déploie complètement ses ailes et prenne son envol, il est l’une des potentialités de l’avenir politique dans notre pays. Idem pour Karim Tabou auquel ne fait défaut ni culture politique, ni charisme. Il est aussi la synthèse parfaite de l’Algérianité. Je pense aussi à Zoubida Assoul, Sofiane Djilali, Abdelaziz Bélaïd, auxquels ne manquent ni la crédibilité, ni la compétence, ni le charisme.  J’ai été réellement séduit par les discours de  ces personnalités politiques. Il y en certainement d’autres aussi brillantes dans toutes les mouvances, qui font hélas défaut à  ma mémoire vieillissante.

 

8- Que pensez-vous du boycott préconisé par certains partis de l’opposition

Face à la détermination du système Bouteflika l’opposition est dans un piège diabolique. Participer c’est crédibiliser l’élection et légitimer in fine la victoire certaine de Bouteflika dans une compétition où tous les mauvais coups sont permis, notamment pour ceux qui détiennent les leviers stratégiques de l’élection.

Quant au boycott, le pouvoir bouteflikien en a pris l’habitude  et a du reste plus d’un tour dans son sac. Il a des lièvres à foison qui donneraient à l’élection un semblant de crédibilité. Et cela suffit pour que le système Bouteflika explose de joie au soir du 18 avril. Seuls des troubles graves spontanés ou fomentés pourraient arrêter la machine électorale du système mise sur les rails de la victoire.

 

9-Et que se passerait-il d’après vous à partir du 18 avril prochain ?

Il faut d’abord supposer comme je viens de le dire que le pays n’ait pas sombré dans « la guerre de tous contre tous » et qu’Abdelaziz Bouteflika arrive vivant au 18 avril 2019. Ces deux conditions étant réunies, il sera réélu. Il est impossible d’imaginer un ministre de l’intérieur qui n’a d’autre légitimité que celle d’appartenir au système Bouteflika, venir annoncer la défaite de Bouteflika.  Donc, sans l’ombre d’un doute, Bouteflika se succédera à lui-même. Ceux qui croient que le système Bouteflika se sabordera font preuve de grande naïveté. Il y a trop d’intérêts en jeu. Et en plus je vous l’ai dit, c’est une question de vie ou de mort. Seule la rue peut fausser les calculs et là il y a un risque majeur pour que le pays s’enfonce de nouveau dans une tragédie sanglante.

Après l’élection, il est question, annonce-t-on, d’amendements constitutionnels. Il s’agirait vraisemblablement de créer un poste de second à la tête de l’Etat, lequel gouvernera et décidera à la place du président qui se retirera progressivement. Faute de trouver une personnalité qui peut encore se prévaloir de la légitimité historique, -le temps et la biologie ayant fait leur œuvre- Bouteflika et son entourage choisiront pour assurer la succession, un homme qui soit à la fois fidèle, capable et fort.  Je ne vois que deux hommes qui remplissent  à eux deux, ces trois critères. Le premier c’est Ahmed Ouyahia (fidélité et capacité) qui connaît mieux que quiconque la Maison Algérie et est capable de gouverner sans états d’âme un pays qui risque de sombrer dans le chaos. Il s’appuiera sans doute par souci d’équilibre politique sur un Premier Ministre issu de la technocratie FLN. L’autre c’est Gaïd Salah (fidélité, loyauté et force) qui restera le garant du régime post-Bouteflika jusqu’à ce qu’il soit lui-même rattrapé par la biologie.

 

10-vous semblez dire que la perpétuation du système Bouteflika est la meilleure solution.

Bien évidemment que non. Ce n’est pas la meilleure solution, c’est celle qui se profile et la moins pire, si Bouteflika est réélu et s’il  venait avec  sa famille à se retirer après l’élection. Une solution qui peut garantir la paix et la stabilité du pays pour un temps seulement bien sûr. Car après il va falloir réformer les choses en profondeur. L’économie bien sûr car il est vital de sortir de la dépendance aux hydrocarbures. L’ouverture réelle du champ politique pour permettre à toute la société de s’exprimer pacifiquement. Décrispation totale sur la question identitaire. Prise en charge sérieuse des problèmes que vit la jeunesse et amélioration du niveau et de la qualité de vie des couches sociales laissées pour compte…Et sortir enfin de cette longue période d’attentisme où le gouvernement est sous la surveillance d’une présidence qui décide sans gouverner et dont le souci est la préservation à court terme de la paix sociale et civile.  En somme la solution n’est ni pire ni meilleure, c’est celle qui  relève d’un certain réalisme politique dans une Algérie où on pense plus pouvoir que pays. Et là il est précisément question, en tout cas à moyen terme,  de l’avenir du pays.

 

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