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vendredi 19 avril 2024
DébatsAlgérie. « On marchera jusqu’à ce que toute la bande des hommes à “Boutef” parte »

Algérie. « On marchera jusqu’à ce que toute la bande des hommes à “Boutef” parte »

Un mois après le départ d’Abdelaziz Bouteflika, les manifestants entendent toujours obtenir le départ de l’ensemble du « système » au pouvoir.

Les Algériens se sont rassemblés, vendredi 3 mai, pour un onzième rendez-vous hebdomadaire de manifestations. Le dernier avant le début du mois de jeûne musulman de ramadan, durant lequel ils entendent continuer à protester pour démentir les craintes d’essoufflement du mouvement.

Un mois après la démission du président Abdelaziz Bouteflika, poussé au départ le 2 avril par la pression conjuguée de la rue et de l’armée après vingt ans au pouvoir, le mouvement de contestation ne faiblit pas. Aucune autre revendication n’a été satisfaite depuis. Difficile à évaluer précisément faute de chiffres

Le carrefour qui se trouve devant la Grande Poste d’Alger, devenue le point de ralliement des manifestations dans la capitale, est noir de monde comme chaque vendredi et le cortège remonte sur plusieurs kilomètres le long d’un des principaux axes de la ville, qui y débouche. D’autres manifestants convergent vers la Grande Poste depuis d’autres quartiers.

Des cadres zélés désormais discrets

Les manifestants entendent toujours obtenir le départ de l’ensemble du « système » au pouvoir et refusent que l’appareil hérité du président déchu, suspecté d’avoir truqué les scrutins depuis deux décennies, gère la transition et organise la présidentielle devant élire son successeur. « On marchera jusqu’à ce que toute la bande des hommes à “Boutef” parte », dit Hamid Benmouhoub, commerçant de 55 ans, venu de Jijel, à 350 km d’Alger.

« Nous refusons ce système. Il faut qu’il parte. Ce gouvernement ne peut pas assurer la transition », martèle Amine, 22 ans, étudiant à Tizi Ouzou, à 100 km de route. Il a passé la nuit chez des amis pour éviter les barrages filtrants mis en place chaque vendredi aux entrées d’Alger.

En tête des personnalités visées, le chef de l’Etat par intérim, Abdelkader Bensalah, et le premier ministre, Noureddine Bedoui, deux anciens cadres zélés du régime Bouteflika, sont extrêmement discrets depuis des semaines.

« Gagner du temps »

Seule voix audible, en face des manifestants, celle du chef d’état-major de l’armée, le général Ahmed Gaïd Salah, devenu de facto l’homme fort du pays depuis qu’il a lâché M. Bouteflika, dont il était un indéfectible soutien. Semaine après semaine, il appuie le processus de transition mis en place conformément à la Constitution, dont l’organisation de la présidentielle, convoquée le 4 juillet par M. Bensalah.

Cette semaine, il a appelé la contestation au « dialogue avec les institutions de l’Etat », martelant le refus de l’armée de « s’écarter de la voie constitutionnelle » : une nouvelle fin de non-recevoir aux revendications des manifestants qui exigent la mise sur pied de structures ad hoc pour gérer l’après-Bouteflika. « Le dialogue ne peut pas se faire avec les symboles du système en place, qui détiennent le pouvoir », a réagi Abdelouahab Fersaoui, président du Rassemblement action jeunesse (RAJ), ONG citoyenne, dans un entretien au site d’information TSA (Tout sur l’Algérie).

Un manifestant algérien participe à un rassemblement à Alger, le 1er mai.
Un manifestant algérien participe à un rassemblement à Alger, le 1er mai. RYAD KRAMDI / AFP

« On ne peut pas entamer un dialogue avec un Bensalah, ni avec un Bedoui, ni avec les personnes qui ont été responsables de la situation actuelle », a-t-il déclaré. Le pouvoir continue « à manœuvrer et à gagner du temps » et « n’a donné aucun signe de bonne volonté pour répondre aux revendications claires et légitimes » du mouvement.

Vendredi, M. Gaïd Salah, initialement perçu par la contestation comme un allié quand il a obtenu la démission du chef de l’Etat, a été particulièrement visé par les slogans vendredi. « Gaïd Salah, dégage ! », ont notamment scandé les manifestants. « Non au pouvoir militaire », pouvait-on lire sur certaines pancartes.

« On ne va rien lâcher »

Aucune partie ne semble prête à céder et certains observateurs pensent que le pouvoir mise sur un essoufflement de la mobilisation inédite déclenchée le 22 février, durant le mois de ramadan qui commence dans les prochains jours.

Un mois de jeûne et de privation, durant lequel les Algériens se couchent souvent tard et se lèvent avant le lever du soleil. « On continuera à marcher durant le ramadan pour exiger une période de transition avec des personnes propres, on ne va rien lâcher », assure, comme de nombreux autres manifestants, Zakia Benabdrahmane, 56 ans, arrivée à Alger avec son époux de Boumerdes, à environ 40 km à l’est de la capitale.

Pour soulager la fatigue, la faim et la soif de la journée, la plupart des manifestants proposent de déplacer pendant le ramadan les marches le soir, après le ftor, la rupture du jeûne.

 

Source LeMonde

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